Louis Guédet

Jeudi 10 mai 1917

971ème et 969ème jours de bataille et de bombardement

8h3/4  Beau temps, trop chaud qui tourne à l’orageux. Nuit tranquille, j’ai pu me reposer un peu. Journée calme (?) jusqu’à 2h1/2. Et alors bombardement vers Cérès, Jacquart, etc… Le sifflement continu, incessant, éclatement suivant le sifflement et le sifflement suivant l’éclatement tous les 1/4 de secondes ! C’est agaçant. Poste pris mes dernières lettres, les autres suivront à St Martin. Vu voisins et voisines ; Melles Payard et Colin, M. et Mme Morlet, M. et Mme Champenois. Mon commissaire de Police qui veillera à la maison. Et le bon Père Desbuquois qui m’a apporté des lettres à mettre à la Poste. Causé longuement en nous promenant dans le 2nd jardin. Je retrouve en lui beaucoup du Père Jenner (à vérifier)!… Tout est prêt pour mon départ, et si rien n’arrive cette nuit, je partirai demain matin à 5h1/2 pour Épernay, journée qui sera fatigante.

Reçu lettre de mon Jean qui est absolument au feu, lettre fort gentille, et surtout pour son frère Robert qu’il conseille de rester à l’échelon à cause du danger, sinon les 2 frères seraient à leurs pièces à quelques mètres l’un de l’autre. Ils font surtout des tirs de nuit dits « de harcèlement », le jour de la sape. Les hommes sont fatigués me dit-il, mais comme aspirant faisant fonction de sous-lieutenant, ceux-ci laissent dormir mon pauvre Grand, c’est gentil tout plein. Il est bien tombé comme sous-ordres et soldats. Allons, il me faut me coucher ! Demain soir comment ferai-je pour dormir déshabillé ! Voilà 35 jours que cela ne m’est arrivé !!… Sera-ce bon ou désagréable ?… Nous verrons !

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

10 au 17 mai 1917 – Voyage à Épernay, dans ma famille.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos


Cardinal Luçon

Jeudi 10-9°. Brouillard à 5 h. Beau soleil à 7 h. Nuit tranquille en ville. Aéroplanes dans la matinée. Vers 3 h., bombes sifflantes continuellement  (sur batteries ?). Gros coups de canons français sur…………… je pense. De 9 h. à 2 h., bombardement infernal sur ? Les éclats pleuvaient comme grêle. Couché dans mon cabinet de travail, n’ai pas dormi avant 2 h. Visite à l’Enfant-Jésus dont toiture criblée, à l’Espérance.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Jeudi 10 mai

Vive lutte sur le chemin des Dames, où l’ennemi a tenté en divers points de nous rejeter des positions que nous avons précédemment conquises. Ses attaques ont été partout repoussées.
Il a subi de sanglants échecs dans la région de Cerny, de la Bovelle et du monument d’Hurtebise.
Plus à l’est, un puissant effort a été tenté sur le plateau de Californie. Les vagues d’assaut allemandes, fauchées par nos barrages et nos mitrailleuses, ont, à plusieurs reprises, et malgré des pertes considérables, renouvelé leurs attaques pour nous rejeter de cette importante position. L’ennemi a pu prendre pied un instant sur le saillant nord-est du plateau, mais une charge à la baïonnette de nos troupes l’a refoulé en désordre. Nos positions ont été intégralement maintenues. Nous avons fait en tout 200 prisonniers.
Nous avons enlevé les tranchées de première ligne allemandes sur un front de 1200 mètres au nord-est de Chevreux : 160 prisonniers sont restés entre nos mains.
Au nord-ouest de Reims, une opération de détail, sur un front de 400 mètres, nous a permis de faire 100 prisonniers.
Les Anglais ont évacué Fresnoy ; ils ont repoussé l’ennemi près de Bullecourt.
Canonnades au nord-ouest de Saint-Quentin, vers Vaucourt et Arleux.

Source : La Grande Guerre au jour le jour