Louis Guédet

Samedi 5 mai 1917

966ème et 964ème jours de bataille et de bombardement

8h1/2 soir  Beau temps, mais orageux et lourd, du reste le soir il y a eu des orages dans la région. Nuit bombardement. Journée calme. Ce soir à 8h canonnade furieuse vers Brimont, cela m’indiffère. Car pour les résultats…?!…  si demain sans doute encore des arrosages et des incendies !! (Rayé)…  Journée lourde à passer come le temps. Je suis incapable de faire quoique ce soit. Je vais, je viens, je somnole tout éveillé. A la Poste ce matin vu Beauvais, causé. A 2h retourné à la…

Le bas de la page a été découpé.

…qui me propose de faire de suite un inventaire du mobilier, de vendre, etc…  mais d’où sort-il aussi celui-là…  Je vais lui proposer de venir le faire son inventaire…  Cela le…  refroidira.

En quittant la Poste, je rencontre Vénot qui part à Paris. Je lui donne une lettre pour Madeleine à St Martin, et je rentre chez moi en passant par les Tilleuls. Je suis exténué de chaleur. Il est 4h1/2. Je me jette sur mon lit dans la chambre et somnole, rêve. Bompas m’a apporté le linge et l’argenterie de la Chambre des notaires. Le brave garçon en a assez et part mercredi dans son village natal. Je ne puis le retenir, il n’a plus rien à garder, notre malheureux Hôtel de la Compagnie étant anéanti. A 8h1/4 je descends écrire dans ma cave.

Honoré, le pompier que je vois à la Poste, me confie qu’il a trouvé dans un appartement qu’il est chargé de surveiller une veste d’uniforme d’un lieutenant du 76ème de ligne. Il l’a déposé à la Place comme pièce à conviction. C’est la continuation des pillages, mais comme ce sont des galonnés, l’affaire sera enterrée.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

Bombardement toujours intense, aujourd’hui vers Clairmarais.

– Après un déblaiement sommaire de l’escalier de descente, le personnel de la « comptabilité » reprend possession ce jour, pour le repas de midi de sa popote, maintenant sous les ruines, encore toutes chaudes, de l’hôtel de ville. Les portes d’accès au sous-sol ont été brûlées, mais tous les ustensiles ayant été retrouvés intacts, à leurs places, ont resservi séance tenante.

M. Luchesse, secrétaire du commissaire central, fait à la « comptabilité », les honneurs de la cagna qu’il partage avec M. Gesbert, commissaire du 4e et M. Noiret, secrétaire – dans laquelle ils viennent également se réinstaller.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

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L’Illustration

Cardinal Luçon

Samedi 5 – +15°. Nuit moins troublée en ville. Autour, vers Brimont, ombat d’artillerie, vers 3 h à 5 h du matin, bombes continuellement lancées sur la ville. Après-midi, visite aux Trois-Fontaines. 5 h canons français. Orage à 8 h 30. Pluie

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux de l’Académie Nationale de Reims

Samedi 5 mai

Une opération brillamment conduite, nous a rendus maîtres du village de Craonne et de plusieurs points d’appui à l’est et au nord de cette localité. Le chiffre des prisonniers faits par nous et jusqu’à présent dénombré est de 150.
Au nord-ouest de Reims, après une vive préparation d’artillerie, nous avons déclenché une attaque au cours de laquelle nos troupes ont enlevé les premières lignes allemandes sur un front de 4 kilomètres et ont fait 600 prisonniers, dont 8 officiers. En Champagne, lutte d’artillerie violente au sud et au sud-ouest de Moronvilliers.
Sur la rive gauche de la Meuse, deux coups de main sur les lignes adverses, l’un au Mort-Homme, l’autre au bois d’Avocourt, nous ont permis de ramener des prisonniers. A l’ouest du Mort-Homme, nous avons arrêté net une tentative ennemie.
Violent combat sur le front britannique, à l’ouest de Quéant et au nord de Fresnoy. De nombreuses réserves ennemies sont entrées en ligne. Les Anglais ont pénétré dans un secteur de la ligne Hindenburg et s’y sont maintenus, malgré d’incessantes contre-attaques. Ils ont enlevé le village de Fresnoy et un front de 3 kilomètres et capturé 900 Allemands.
M. Nilo Pecanha est nommé ministre des Affaires étrangères du Brésil.

Source : La Grande Guerre au jour le jour