4 mars 1917
Chère Amie
Bien reçu votre aimable carte-lettre, heureux toujours de vous lire en bonne santé ainsi que toute votre famille.
Je vois qu’au pays, le temps est plus favorable qu’ici.
Encore ici, ces jours, il gèle fort et le dégel nous cause beaucoup de travail, et fait beaucoup de boue.
Ces jours-ci, nous sommes la Compagnie en face la Cathédrale à 4 km environ.
Si vous voyez où est faite cette carte, vous auriez sans doute peur surtout s’il vous y fallait aller sans lumière.
Nous sommes 20 mètres sous terre et vivons comme des renards, sauf les heures de faction, à 100 mètres des boches !
Quand finira-t-elle cette purée ? Les tranchées même, j’ai été plus mal.
A bientôt de vous voir, mon tour de perm ne vient pas vite !
Pour vous et votre sœur, bons souvenirs.
Un courrier sans équivoque, quant à la vie de tranchée… la boue, l’humidité et le froid… vivre sous terre, comme des renards, et le danger qui n’est qu’à quelques mètres.
La permission, et l’espoir de revoir vite les gens qu’on aime, il faut au moins çà pour tenir et garder le moral.
La carte postale ci-dessus nous présente la base de la façade la cathédrale, les statues du Grand Portail ont été protégés contre les éclats d’obus, à l’aide de sacs de sables, une protection, somme toute, qui semble bien dérisoire face aux pilonnages allemands, mais qui aura cependant, éviter que son état empire.
La statue de Sainte Jeanne d’Arc est toujours là, elle a supporté les violentes attaques d’une façon miraculeuse pendant une bonne partie de la guerre, jusqu’à son enlèvement du 6 mars 1918. Alors, même si actuellement son épée est souvent l’objet de vol ou de dégradations, il lui en faudra beaucoup plus pour l’atteindre !