Louis Guédet

Mercredi 11 octobre 1916

760ème et 758ème jours de bataille et de bombardement

6h soir  Beau temps chaud. Canonnade contre un avion allemand très violente à 8h du matin, quelques 75 nous sont retombés sur le nez (ce n’est pas la première fois…). Allocations militaires à 9h1/2 jusqu’à 11h1/2. Tout le monde approuve ma conduite contre le capitaine de Gendarmerie et le fameux Colas. Après-midi je me heurte à Fernand Legros (négociant à Reims (1874-1938)) qui est automobiliste à Châlons et devant le Palais me demande ce qu’il y a contre moi. Il a amené de Châlons un commandant de gendarmerie et deux officiers (?) qui sont venus enquêter sur mon compte et ils sont avec le substitut du Procureur de la République en ce moment. Ils sont, dit-il, fort montés contre moi. Je saute en voiture chez le Président à qui je raconte cela. Il se moque de moi et me dit que j’ai tort de m’inquiéter, qu’il me croyait plus énergique que cela, il doit aller à Paris la semaine prochaine et me promet d’en causer à M. Ledoux, le Directeur du Personnel du Parquet Général, à Monfeuillart (Ernest Monfeuillart, sénateur de la Marne (1853-1934)) et à Vallé (Ernest Vallé, lui aussi sénateur de la Marne (1845-1920)) qu’il verra. Je rencontre en revenant Boudin, le ténor (ténor au lutrin de Notre-Dame de Reims), qui me demande ce que cette affaire devient (on en parle beaucoup en ville où tous sont pour moi), je lui raconte ce que je sais et il me propose de me mettre en rapport avec un officier payeur (auditeur de la Cour des Comptes) attaché à l’État-major.

Manquent les feuillets 376 et 377

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Mercredi 11 – Nuit tranquille. Aéroplanes ; tir contre eux. Visite du Général de Mauduit(1) (sic), commandant le 38e Corps à Gueux.

(1) Le général Maud’huy a commandé un corps d’armée sur l’Aisne de Berry-au-Bac à l’automne de1914. En 1916, il est à Verdun à la tête d’un groupement de corps d’armée. En 1918, il partage la défaite du général Duchêne sur le Chemin des Dames.Après l’Armistice il sera Gouverneur militaire de Metz, sa ville natale.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

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Photo : Louis Corré, collection Gérard Corré

Mercredi 11 octobre

Nos troupes ont progressé au sud de la Somme, entre Berny-en-Santerre et Chaulnes, faisant 1250 prisonniers. L’avance s’est opérée sur un front de 5 kilomètres.

Les Anglais ont fait, au nord de la Somme, 276 prisonniers.

En Macédoine, ils ont forcé les Bulgares à évacuer trois villages de la rive gauche de la Strouma.

Les Serbes ont capturé 816 prisonniers sur la Cerna.

Source : La Grande Guerre au jour le jour