Louis Guédet

Jeudi 26 octobre 1916

775ème et 773ème jours de bataille et de bombardement

7h soir  Assez beau temps, brumeux, pluie, nuages, se refroidissant fin d’après-midi. Le calme auprès d’hier. Beaucoup de victimes hier, et aussi des soldats, une douzaine. Il y a eu des bombes un peu partout.

Après-midi à 2h Réquisitions militaires, quitté à 5h, vu le Procureur M. Mathieu qui s’amuse toujours de mon affaire, et pour lui si les militaires disent vouloir se reporter sur Helluy, c’est tout simplement pour couvrir leur…  retraite…  J’ai prévenu ce dernier de ce qui le menaçait, et lui ai conseillé de se retrancher derrière la censure qui a laissé les mots qui ont choqué, blessé les nobles galonnards. Et même s’ils insistaient, de bien leur dire qu’ils font du chantage, et qu’ayant laissé les mots « qui les y incite », ils ont voulu avoir l’occasion de l’ennuyer. M. Mathieu approuve ma théorie. Landréat, mon greffier, et Croquet mon greffier militaire se tordaient en me racontant tout à l’heure que l’illustre Colonel Colas, commandant de la Place, avait hier demandé l’hospitalité chez Faupin, 59, boulevard de la République où ils travaillent, et qu’il les a forcés à descendre à la cave !!!… Et voilà un homme qu’on a décoré de la Croix de Guerre…  gagnée dans la cave !!!  Croquet m’a dit qu’il l’avait envoyé promener. Mais le Colas est descendu se mettre à l’abri dans la susdite cave !!

Au sujet du procès des pains de fantaisie Émile Charbonneaux en a causé au Colonel Colas et au Général Lanquetot, ceux-ci déclarèrent qu’ils ne savaient ce que cela voulait dire !! Charbonneaux insistant sur ce que le procès était fait par 2 gendarmes. Nous n’avons donné aucun ordre, déclaraient-ils !! Alors ?… Ils n’ont même pas de courage de leur opinion ! Quels pleutres !!… En tout cas me voilà sur du velours, et je les ai bridés, murés !!…  Toisés !…

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Jeudi 26 – Toute la nuit, de quart d’heure en quart d’heure, coups de gros canons français. Pas de riposte allemande. Visite au Bon Pasteur, à l’Enfant-Jésus, à l’Espérance et rue du Barbâtre.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

174_001


Jeudi 26 octobre

Au nord de Verdun, les Allemands ont lancé deux contre-attaques sur les ailes de notre nouveau front. L’une, dirigée sur les carrières d’Haudromont, a été repoussée. L’autre, prononcée contre la batterie de Damloup, a totalement échoué. Le terrain conquis par nous a été maintenu intégralement. Le commandant du fort de Douaumont a été capturé dans les souterrains.
Nous avons progressé à l’est du bois Fumin et au nord du Chenois. Le chiffre de nos prisonniers est passé à 4500.
Onze avions de bombardement anglais, accompagnés de cinq avions de protection, ont bombardé les haut fourneaux d’Hagondange sur lesquels ils ont jeté 1300 kilos de projectiles. Plusieurs incendies se sont produits.
Sur le front britannique, l’artillerie ennemie a montré de l’activité vers le Sars et Eaucourt-l’Abbaye.
Les Russo-Roumains, en Dobroudja, se sont repliés au nord de Czernavoda. En Valachie, ils ont gagné du terrain dans certains cols des Carpathes, mais ils ont reculé à la passe de Vulkan, entre la vallée du Maros et Craïova.
Les Allemands provoquent une irritation croissante en Norvège par leurs torpillages systématiques de navires scandinaves.
En Albanie, la cavalerie de l’armée de Salonique est entrée en contact avec la cavalerie Italienne d’Albanie.

Source : La Grande Guerre au jour le jour