Louis Guédet
Samedi 12 août 1916
700ème et 698ème jours de bataille et de bombardement
7h soir Beau temps, chaud et lourd. Quelques obus cet après-midi. Payen, le sous-intendant militaire était étonné de ce que nous les entendions venir de très loin durant notre audience de réquisitions militaires au Palais de Justice. Cela s’organise et cela marchera. Nouvelles des miens, bonnes nouvelles de Robert, lettre de Maurice le pauvre petit, je lui répondrai demain. Voilà toute ma journée, quand même fatigante. Vu ce matin M. et Mme Eugène Becker, celle-ci bien courageuse. (Leur Fils Maurice, lieutenant d’artillerie au 40ème RA, a été tué le 22 août 1914 à Pierrepont (54), sa fille posthume Élisabeth épousera un polytechnicien, aura 8 enfants et décèdera à l’âge de 101 ans).
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Samedi 12 – Nuit et journée tranquilles. Visite de M. Faire pour Prisonniers (Œuvre de secours). A 4 h. 1/2 aéroplane allemand ; tir contre lui des canons français ; tir des canons allemands ; bombes sifflantes contre nos batteries. Un éclat d’obus allemand tombe dans la cour. Aéroplanes français entrent en scène. Un éclat tombe dans le jardin, à 1 mètre du banc, le long de la bordure, devant mon bureau. Un soldat tué boulevard de la Paix ; un autre blessé très gravement rue du Barbâtre, je crois fils d’un boulanger. A 11 h. un aéroplane allemand laisse tomber des bombes près de la gare de la Haubette.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Samedi 12 août
Au nord de la Somme, nous avons, au cours de la nuit, accompli des progrès dans la région du bois de Hem et porté à une centaine le nombre de nos prisonniers. Nous avons capturé 6 mitrailleuses.
Au sud de la Somme, une reconnaissance allemande, qui tentait d’aborder nos lignes en faisant usage de liquides enflammés, a été dispersée à l’ouest de Vermandovillers.
Sur la rive droite de la Meuse, bombardement intermittent de la région de Fleury et de Vaux-Chapitre.
Dans les Vosges, un coup de main ennemi, précédé d’un bombardement, sur un saillant de nos lignes au nord-ouest d’Altkirch, n’a eu aucun succès et a causé des pertes aux assaillants.
Nous avons abattu un avion allemand sur le front de la Somme; deux autres ont été contraints d’atterrir. Nos escadrilles ont jeté des obus sur le front de Lassigny-Combles, sur les gares de Digny, d’Apilly, de Bazincourt et de Spincourt.
Les Anglais ont poursuivi leur progression au nord-ouest de Pozières, exécuté un coup de main heureux au sud d’Arras et repoussé une tentative analogue de l’ennemi près d’Hulluch.
Les Russes, après leur grand succès de Tysmenitza, ont continué d’avancer vers Stanislau en faisant des prisonniers.
Les Italiens, maitres de toute la rive gauche de l’Isonzo, de Tolmino jusqu’à la mer, ont dirigé des raids de cavalerie sur les lignes ennemies. Les prisonniers continuent à affluer dans leurs centres de concentration; on en compte plus de 12.500.
Source : La Grande Guerre au jour le jour