Louis Guédet
Vendredi 21 juillet 1916
678ème et 676ème jours de bataille et de bombardement
6h soir Beau temps, du canon, des avions, des dirigeables toute la nuit qui m’ont empêché de dormir, aussi suis-je bien fatigué. Les journaux paraissant (?) nous donnent de bonnes nouvelles, mais cela ne va guère vite. Je me demande si nous ne serons pas obligés de passer encore un hiver ici dans la même situation !! Alors autant mourir tout de suite.
Ce matin audience de conciliation, 12 affaires. De plus en plus les locataires se refusent à payer leur loyer et à déménager leur mobilier sans payer. C’est passé à l’état d’institution. C’est odieux. Et la loi, l’État protège ou tolère cela ! avec tous ces moratoires qui ne profitent qu’aux malhonnêtes gens. Cela devient écœurant. Fait quelques courses l’après-midi. Il fait fort chaud et je ne sais si c’est fatigue ou faiblesse, mais j’ai eu comme un léger étourdissement dans la rue !! Hélas ! Je suis bien usé… ajoutez à cela le découragement et la désespérance de voir une situation meilleure ! Non tout s’acharne contre moi et mes aimés. Alors ! Désespoir et malheur toujours ! toujours !
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Vendredi 21 – Idem.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Vendredi 21 juillet
De part et d’autre de la Somme, notre infanterie a attaqué les positions allemandes et réalisé des avantages marqués.
Au nord de la Meuse, nous avons enlevé des tranchées ennemies et porté notre ligne à l’est d’Hardecourt, le long du chemin de fer à voie étroite qui va de Combles à Cléry.
Au sud de la Somme, nous avons pris la première ligne allemande depuis Estrées jusqu’à la hauteur de Vermandovillers. Nous avons capturé 2900 prisonniers, dont 30 officiers, 3 canons, 30 mitrailleuses et du matériel.
En Champagne, nous avons pénétré dans une tranchée d’Auberive, ramenant des prisonniers.
En Argonne, nous avons repoussé les Allemands près de Bolante.
Sur la rive droite de la Meuse, nous avons progressé à l’ouest de l’ouvrage de Thiaumont; au sud de Fleury, nous avons saisi un ouvrage puissamment tenu par l’ennemi. Au total, 300 prisonniers sont tombés entre nos mains.
Nos avions ont bombardé les gares de Thionville, Brieulles, les bivouacs d’Azannes et la gare de Roisel; les établissements militaires de Lorrach (nord-est de Bâle) ont reçu huit obus.
Les Anglais ont progressé à Longueval et dans le bois Delville ainsi qu’au nord de Bazentin.
Les Russes ont pris l’offensive à Riga et repoussé des attaques sur le Stokhod.
Source : La Grande Guerre au jour le jour