Louis Guédet

Samedi 8 juillet 1916

665ème et 663ème jours de bataille et de bombardement

6h soir  Pluie torrentielle toute la nuit passée, et la journée de même, lourdeur d’orage insupportable ! Ce matin Caisse d’Épargne jusqu’à 11h1/2. Baudoin et Grandsart m’ont encore recommencé le bateau de la décoration ! Ils ne parlent rien moins que de boire le Champagne en cet honneur ! C’est aller bien vite en besogne !! Je les ai envoyés « promener » mais ils ne veulent pas en démordre. En sortant passé à la Mairie, vu le Dr Langlet, Maire, fort aimable avec moi, de Bruignac adjoint et Raïssac le dévoué secrétaire général. (On ne saura jamais ce que la Ville lui doit à celui-là !) Causé des loyers, réquisitions militaires, etc…  J’ai obtenu que la Ville fasse passer une note dans les journaux pour faire connaitre aux intéressés (en l’espèce les Réquisitionnés) que lorsqu’ils ne sont pas conciliés devant moi avec l’autorité militaire pour des réquisitions, que c’est à moi à immédiatement assigner l’autorité militaire devant le Tribunal civil pour juger leur différent en faire trancher la question qui les divise…  J’en suis heureux, car je n’entendrai plus ce refrain ! Nous attendons que vous juge de Paix vous nous disiez ce que nous avions à faire !!

Ce que je ne dois pas faire à aucun prix, ce serait me départir de ma réserve de 1er juge !

Reçu une lettre de mon brave Robert qui m’annonce qu’il est reçu pour la première partie de son examen de 1er baccalauréat de licence passé hier, aujourd’hui il passe la seconde partie. Que Dieu veuille qu’il soit aussi reçu, ce sera une satisfaction pour sa pauvre mère avant qu’il ne parte au régiment.

Lettres diverses et d’amis auxquelles je répondrai demain. Je suis trop fatigué ce soir. Les nouvelles de tous les fronts paraissent bonnes ce soir, mais cela ne va pas vite.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Samedi 8 – Nuit tranquille. Pluie continuelle. Pas dit messe. Quelques coups de canon durant la journée entre batteries. Visite du Général Cadou. Reçu ornements et linge d’autel d’Auch.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Samedi 8 juillet

Entre Oise et Aisne, un coup de main de l’ennemi dirigé sur une de nos tranchées près de Moulin-sous-Touvent a échoué.
Sur la rive droite de la Meuse, lutte violente dans la région de l’ouvrage de Thiaumont. Les attaques allemandes ont été toutes repoussées finalement et nous restons dans le voisinage immédiat de l’ouvrage. Les pertes de l’ennemi sont sérieuses. Bombardement dans le secteur au nord de Souville.
L’infanterie anglaise a continué sa progression en marquant des succès importants. Elle a pris d’assaut, au sud de Thiepval un ouvrage puissamment fortifié, dit la redoute de Leipzig.
Plus au sud, une brigade anglaise a enlevé de vive force 500 mètres de tranchées de première ligne et les défenses de l’ennemi devant Ovillers.
A l’est de la Boisselle, progression britannique sur un front de 1800 mètres et une profondeur de 500. Progression encore au nord de Fricourt. Une attaque de la garde prussienne à l’est de Contalmaison a été repoussée avec des pertes énormes. L’ennemi a laissé 700 prisonniers aux mains de nos alliés. Ceux-ci ont pris et reperdu Contalmaison.
Les Russes ont fait 19000 prisonniers en deux jours, progressant vers Baranovitchi, Kolki, sur le Dniester et dans les Carpates.
La Russie et le Japon ont signé un traité d’alliance où ils s’engagent à associer leurs forces pour combattre toute atteinte à leurs intérêts respectifs en Extrême-Orient.

Source : La Grande Guerre au jour le jour


coltalmaison