Louis Guédet

Mardi 25 juillet 1916

682ème et 680ème jours de bataille et de bombardement

11h1/2 matin  Temps couvert et orageux, de l’air, du calme. Pas de lettre de ma femme, cela m’inquiète. Qu’y a-t-il ? Encore une nouvelle épreuve ? Un nouveau malheur ? Si oui, j’aime mieux mourir tout de suite.

Je suis passé ce matin chez Michaud pour me renseigner sur un incident que le gardien et sa femme (M. et Mme Victor Donny) m’avaient conté. Il y a quelques jours un soldat du 291ème d’infanterie territoriale, ordonnance d’un (en blanc, rien de marqué) leur avait demandé de lui procurer un rouleau de carton semblable à celui dont on envoyait naguère les numéros de l’Illustration par la Poste, et d’un ton dégagé cette ordonnance ajoutait : « C’est pour mon officier qui désire envoyer à sa femme une gravure ancienne qu’il a trouvé dans une maison dans les tranchées !! » Voilà la mentalité de nos illustres galonnards !

Et cette autre réflexion de M. Ganteaume (à vérifier), commissaire-priseur à Reims, successeur de Barré (à vérifier), que je rencontrais avant-hier dans les rues de Reims, il est sous-lieutenant au 332ème d’Infanterie : « Je vais voir comment se comporte mon logis, il parait qu’il y a des officiers dedans, pourvu que j’y retrouve tout, et avec un sourire, c’est si agréable de pouvoir envoyer à sa petite amie un bibelot…  pas cher !!…  Oui, tout le monde n’aura pas sa philosophie souriante et gare après la Guerre. C’est révoltant.

Reçu dossier de simple police pour jeudi, peu d’affaires, 33 je crois.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Mardi 25 – Visite du P. Bailly, de l’Assomption, qui a reçu du Pape mission de saisir l’opinion de la question de l’indépendance du Saint-Siège avec quelque souveraineté temporelle comprenant Rome.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Mardi 25 juillet

Au sud de la Somme, une opération de détail nous a permis d’enlever une batterie ennemie au sud du village d’Estrées.
Depuis le 20 juillet, nous avons pris sur la Somme 60 mitrailleuses.
Au nord de l’Aisne, nos reconnaissances ont pénétré dans les tranchées adverses près de Vailly et ramené des prisonniers.
Sur la rive droite de la Meuse, nous avons capturé une trentaine de prisonniers près de la chapelle Ste-Fine. Après un vif combat, notre infanterie s’est emparée d’une redoute immédiatement à l’ouest de l’ouvrage de Thiaumont. 5 mitrailleuses et une quarantaine de prisonniers sont restés entre nos mains.
Les Anglais ont repoussé toute une série de contre-attaques près de Guillemont, en infligeant à l’ennemi de lourdes pertes ; ils ont progressé près de Guillemont : la lutte se poursuit dans le village de Pozières où les Australiens ont pris 2 Canons, 6 officiers et 145 hommes. Grande activité d’artillerie sur le reste du front.
Les Russes se sont avancés d’une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Riga. Ils ont capturé toute une compagnie autrichienne dans la région de la Lipa. Ils ont dispersé de forts détachements turcs qui les attaquaient en Arménie.
La Suède a pris des mesures rigoureuses contre les sous-marins qui viendraient naviguer dans ses eaux.

Source : La Grande Guerre au jour le jour


chapelle Ste-Fine