9 juillet 1916
Cher Cousin,
Je profite ce soir de quelques instants de tranquillité pour vous donner un peu quelques nouvelles fraîches de nos tranchées. Tout d’abord, mon cher Anatole, je m’empresse de bien vous remercier de l’excellent pâté que vous avez offert à Jeanne pour votre serviteur qui s’est fait un bien grand plaisir de déguster vos excellents produits dont je vous remercie sincèrement.
Ici, c’est toujours du pareil au même, nous sommes toujours sur le qui-vive, et bien que nous soyons plutôt dans un secteur défensif, qu’offensif, je vous prie de croire que ce n’est pas le rêve d’être obligé de vivre caché. Vous ne pouvez guère vous figurer ce qu’est une guerre de tranchée, et quel cauchemar nous avons d’être toujours sous le coup des marmites boches. Et encore nous n’avons pas à nous plaindre en comparaison de ce qui se passe dans la Somme ou à Verdun. Si nous avons des pertes ici, qu’est-ce que cela doit-être pour tous ces valeureux poilus qui tiennent nos adversaires en échec depuis si longtemps. Avec cela, il fait un temps épouvantable. J’espère bien une meilleure saison à Issoudun et je désire bien pour vous dans la prospérité de votre Commerce tout le bonheur que vous pouvez désirer.
Rappelez-moi mon cher Anatole, au bon souvenir de ma tante et de Jean, et bien sincères amitiés à tous. Bien cordiale poignée de main de votre cousin tout dévoué.
E. Olivier ( ?)
Sur cette même carte, on trouve également un court texte, écrit par Auguste, une connaissance, un ami, un membre de la famille ou un voisin ? nous ne le saurons certainement jamais !
Bien le bonjour à toute ma petite famille que je désire savoir de même en parfaite santé. Au revoir et à bientôt. Auguste
Une carte fort bien écrite, à la plume, chaque centimètre carré est occupé, ce qui explique la longueur du texte, pour une seule carte. Notre poilu est bien au front, dans les tranchées… et nous conforte dans le fait, qu’il est difficile d’imaginer ce qu’est réellement cette vie enterrée, avec des conditions climatiques souvent difficile, à recevoir à longueur de journée, les projectiles de l’ennemi… les fameuses « marmites » !
Mais il relativise, comme souvent, pour ne pas trop faire peur à la famille… et c’est peut-être pire ailleurs. On peut penser que notre homme se trouve dans le secteur de la carte postale. Cette tranchée de Tourency, qui se trouve au lieu-dit Le Linguet, situé à la sortie nord-est de Reims, sur la D151 en direction de Witry-les-Reims, dont voici ci-après, quelques cartes postales complémentaires.