Louis Guédet

Vendredi 19 mai 1916

615ème et 613ème jours de bataille et de bombardement

6h soir  Très beau temps. Nuit agitée, du canon toute la nuit et du vrai ! Été rue Buirette, 32, chez les Delles (Demoiselles) Cartier (à vérifier) avec Melle Valentine Laignier pour qu’elle m’indique où l’argenterie de ces demoiselles pourrait être enfouie dans le jardin, fait ensuite des courses. Reçu lettre de ma chère femme, triste et résignée. Reçu lettre de mon confrère et ami Zabette (à vérifier), qui a repris du service comme capitaine de Territoriale au 40ème d’artillerie à St Grégoire près de Rennes (Ille et Vilaine) qui me dit qu’il a vu Jean et l’a trouvé bien et avec un bon moral. Il lui a donné quelques conseils, doit lui en donner encore et le suivre, quoique n’étant pas dans le même régiment. Il pense qu’il pourra entrer à Fontainebleau dans 3 mois. Ma pauvre Madeleine va être un peu remontée, réconfortée par cette lettre.

Fait encore des courses. Vu Palliet, commissaire central, qui m’a dit que Colas, le commandant de place ne pouvait…  rien !!?? Je n’ai pas insisté, c’est une affaire malpropre…  malheureusement je crains bien d’être obligé de condamner le moins coupable. Cependant je me donnerai la satisfaction de sabrer (rayé) et ses comparses.

Demain départ à 7h du matin en voiture pour St Thierry avec un clerc de Mt Mandron pour faire un constat des meubles lacérés, pillés, volés par les troupes françaises dans le château de St Thierry appartenant à la famille Julien. Il paraitrait que des soldats et des officiers auraient lacérés des tapisseries de toute beauté et de grande valeur pour en enlever les plus beaux morceaux !! On parle d’un canapé ainsi lacéré qui aurait une valeur de 30 000 F !! Enfin nous verrons cela demain. En tout cas ce sera un voyage intéressant pour moi car je vais voir dans quel état ces villages sont et leurs aspects, avec leurs tranchées et travaux militaires, St Thierry formant un vrai bastion face à Courcy.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Vendredi 19 – Nuit tranquille sauf grosse canonnade de temps en temps. Temps superbe, chaud + 15°. Aéroplanes et tir contre eux. Visite aux Peti­tes Sœurs des Pauvres. Via Crucis in cathedrali.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Vendredi 19 mai

Au nord de l’Aisne, nous avons dispersé un détachement ennemi qui tentait d’aborder une de nos tranchées au sud de Nouvron.
Sur la rive gauche de la Meuse, l’ennemi, après un violent bombardement, a déclenché une forte attaque sur nos positions du bois d’Avocourt et et de la cote 304. Nos tirs de barrage et nos feux de mitrailleuses ont arrêté l’ennemi, qui semble avoir subi des pertes élevées. Violente action d’artillerie dans l’ensemble du secteur.
Bombardement sur la rive droite et spécialement aux Eparges.
Nos avions ont effectué de nombreux bombardements. 15 obus ont été lancés près de Haucourt (10 kilomètres sud de Sedan) sur un dépôt de munitions ; 5 sur la gare de Sedan ; 15 sur un dépôt de munitions près d’Azannes ; 80 sur la gare de Metz-Sablons.
Des taubes ont survolé Lunéville, Épinal et Belfort.
Les Russes ont refoulé une attaque allemande dans la région du lac du Sventen et progressé à l’ouest d’Olyka ; ils ont forcé les Autrichiens à se replier près de Boyanc.
Sur le front italien, cinq attaques autrichiennes ont été brisées avec des pertes énormes dans la vallée de Lagarina (Adige). D’autres ont été arrêtées dans le secteur d’Asiago. Les Italiens ont fait 300 prisonniers dans le val Sugana.

Source : La Grande Guerre au jour le jour


55 Haucourt
55 Haucourt