Louis Guédet
Mercredi 24 mai 1916
620ème et 618ème jours de bataille et de bombardement
8h soir Temps toujours lourd, du reste un orage violent s’est déchainé de 1h à 3h de l’après-midi. Allocations militaires ce matin, comme tous les mercredis. Rien de saillant, sauf les salaires scandaleux de 12F – 15F – 18F et même 20 F par jour octroyés aux ouvriers des usines de guerre, tandis que les pauvres malheureux sur le front se font tuer pour 0,29 ! Ces ouvriers du reste sont à l’abri, pas exposés, et ils gagnent des salaires éhontés. Ce que cela accumule de haines et de rancunes !! Non plus cela vient, plus je suis convaincu que nous aurons une révolution terrible après la Guerre. Quels bouleversements nous attendent encore… Toute l’après-midi j’ai travaillé à ma communication à l’Académie pour le 2 juin. Je souhaite que cela les intéresse. Pas de nouvelle de ma chère femme ! Et mon pauvre Robert est-il pris ? Que d’angoisses et que d’épreuves !! Quelles souffrances morales !… pour la Mère et… pour moi !…
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Paul Hess
24 mai 1916 – Sifflement vers 13 h 3/4 et fortes explosions. Un obus tombe sur le lycée de jeunes filles, où est installé l’état-major d’une brigade ; il y a un tué et six blessés dont plusieurs grièvement.
Quatre ou cinq civils sont blessés également boulevard Jamin.
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Mercredi 24 – Nuit tranquille, sauf canonnade violente entre batteries vers le milieu de la nuit. + 13°. A 2 h. orage violent, et bombes sifflantes sur batteries, de gros calibre : 1 homme tué.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Mercredi 24 mai
Les contre-attaques allemandes ont pris un caractère d’extrême violence dans la région de Verdun ; de gros effectifs y ont participé.
Sur la rive gauche, après un bombardement par obus de gros calibre, les Allemands ont lancé plusieurs masses d’assaut successives à l’est et à l’ouest du Mort-Homme. Une première attaque a été repoussée avec des pertes sanglantes sans que l’ennemi ait pu aborder nos lignes ; une deuxième attaque est parvenue à prendre pied dans une de nos tranchées à l’ouest. Une contre attaque immédiate de notre part a entièrement refoulé l’ennemi.
Sur la rive droite, la région Haudromont-Douaumont a été le théâtre d’une lutte meurtrière. Les Allemands ont multiplié les assauts. Les positions conquises par nous ont été intégralement maintenues, notamment dans le fort de Douaumont. Dans cette région, plus de 300 prisonniers sont restés entre nos mains.
Nous avons abattu un taube dans la région de Furnes et un aviatik près de Beaumont. Dans la région du Linge, un aviateur français, attaqué par trois avions ennemis, a abattu l’un d’eux et mis en fuite les deux autres.
Canonnade sur le front anglais, dans la région de Vimy et entre Hooge et la voie ferrée Ypres-Roulers. Activité de mines en Artois.
Les Italiens se sont repliés sur leur principale ligne de résistance, entre le Haut-Astico et le val Sugana.
Les Russes ont progressé en Perse.
La presse allemande accueille en général favorablement la nomination de M. Hellferich au ministère de l’Intérieur, mais l’opinion dans les états du Sud appréhende que la dictature de l’alimentation ne fonctionne au profit de la Prusse.
Source : La Grande Guerre au jour le jour