Louise Dény Pierson
17 mai 1916
Des émotions j’en eus encore, mais jamais aussi fortes, les courses vers l’abri furent nombreuses. J’ai eu la peau des mollets griffée par des barbelés sans me rappeler où j’avais pu en trouver.
Plus tard, j’ai souffert de brûlures à la cuisse, je dus aller consulter un major qui opérait dans une ambulance installée dans un bâtiment du cours Saint-Michel, en haut de la rue Martin Peller. C’était une brûlure par les gaz, j’avais dû me réfugier dans un trou d’obus contaminé suite à un bombardement par les gaz ypérite.
Louis Guédet
Mercredi 17 mai 1916
613ème et 611ème jours de bataille et de bombardement
6h soir Très beau temps, réveillé à 3h du matin par une violente canonnade, impossible de me rendormir. Été le matin à 9h1/2 au Crédit Lyonnais pour vider le coffre de Mme Thaon, de Rouen 38, rue de Crosne, remis tout ce qu’il contenait (argenterie) à l’employé de Walbaum pour emballer et envoyer. Rentré travailler. Cet après-midi vu le Procureur de la République pour m’entendre la réponse à faire dans l’affaire de l’engagement de mon greffier de Paix de mes 2ème et 4ème cantons de Reims, contrairement aux circulaires gouvernementales. Causé longuement avec lui de diverses choses, conversations fort agréable. Pendant que j’étais là arrivait la note des bombardements d’hier et d’aujourd’hui. 4 victimes hier et 9 ce matin, dont 2 ou 3 chez mon pauvre ami Charles Heidsieck qui est bien flagellé en canonnades… serait-il donc en plein dans la zone actuellement dangereuse (rue de la Justice, 46, il n’y a que des hommes mûrs, vieillards, enfants… jeunes filles). Quelle gloire pour les allemands !!
Lettre de Madeleine. Jean va assez bien, et Robert va pour la Révision à Écury-sur-Coole le 23. Pauvre enfant, il n’est guère robuste ! Les épreuves s’acharnent sur nous ! En verrai-je jamais la fin ? Je ne le crois pas.
Voilà toute ma pensée, je ne parle pas des avions, des bombes, etc… c’est tous les jours la même chose, plus ou moins. Quelle vie !!
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Paul Hess
17 mai 1916 – Bombardement assez violent, encore du côté de la rue du Champ-de-mars, comme hier et les jours précédents.
A la maison Heidsieck Monopole, MM. Casseleux, 57 ans et Foncier, 55 ans, faisant fonctions de chefs de caves, sont tués, ce dernier en même temps que sa fillette Denise, âgée de 6 ans.
M. Casseleux avait eu la douleur de voir sa femme, née Eloi, 55 ans, tuée hier dans des conditions identiques, au même endroit.
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Mercredi 17 – Nuit tranquille pour la ville. Terrible canonnade lourde de 2 h. à 4h. + 11°. Beau soleil. A 10 h. violent bombardement sur batteries et même, je pense, sur la ville. Nous apprenons qu’il y a des victimes. Caves Heidsieck. Bombes sifflent. Visite au Fourneau Économique rue des Moulins Brûlés à l’heure du repas. Bombes sifflent sur batteries à 1 h. et à 4 h. ; aéroplanes et tirs contre eux de 4 à 7 h. Vers 4 h. bombes dévastent Maison des Petites Sœurs des Pauvres.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Mercredi 17 mai
En Champagne, un détachement ennemi qui tentait de surprendre un de nos petits postes dans la région de la butte du Mesnil a été repoussé à coups de grenades.
En Argonne, lutte d’artillerie assez active dans les secteurs du Four-de-Paris, des Courtes-Chausses et de Vauquois.
Sur la rive gauche de la Meuse, bombardement assez vif de la région du bois d’Avocourt, cote 304, le Mort-Homme. Une tentative d’attaque sur nos positions à l’ouest de la cote 304 a été arrêtée par nos tirs de barrage.
A l’est de la Meuse et en Woëvre, quelques rafales d’artillerie.
Lutte d’artillerie très vive sur le front belge, où des tirs de concentration ont été exécutés par nos batteries de gros calibre contre les organisations défensives allemandes de la rive droite de l’Yser, dans la région de Dixmude.
Combats d’artillerie en Artois sur le front anglais.
Des avions britanniques ont bombardé Porto-Lagos, en Bulgarie.
Des avions autrichiens ont survolé Venise et Mestre en lançant quelques bombes.
Les Anglais ont conquis 250 mètres de tranchées près de Vimy en Artois.
Source : La Grande Guerre au jour le jour