Louis Guédet
Lundi 1er mai 1916
597ème et 595ème jours de bataille et de bombardement
6h soir Rien de saillant. Temps orageux. Reçu lettre triste de ma pauvre femme qui souffre de voir notre Jean partir. Il aura quelques indications par M. Dagonet ensuite par Hémard qui lui a demandé de lui envoyer les noms des officiers pour voir s’il en connaîtrait. Tout cela nous attriste quand même et c’est bien dur. Quand donc aurons-nous un jour de bonheur ! Résistera-t-il à cette fatigue ?
Été ce matin à la profession d’une religieuse à l’Hospice Roederer, Melle Lefebvre, sœur Ste Marie. M. Guichard, vice-président des Hospices, a dit un mot très gentil au Cardinal Luçon. Peu de monde connu, M. Houlon, administrateur des Hospices, M. Charles Mennesson (1845-1931), M. Bataille, M. Renard, teinturier (Fernand Renard (1874-1923)), chanoine abbé Campan, chanoine abbé Quantelot, abbé Remy, aumônier de l’Hospice Roederer, M. Georges Houlon (1865-1937), abbé Maitrehut, abbé Debout, chanoine Frézet curé de St Jacques. R.P. Lacroix, toujours très affectueux.
Été à la Maison de retraite avec M. Houlon pour des chambres de pensionnaires décédés à débarrasser par description.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Lundi 1er – Nuit tranquille en ville, sauf bordées de temps en temps entre batteries. 4 h. 1/2 soir un aéroplane laisse tomber une bombe (ou torpille ?) qui blesse ou tue un homme et démolit 10 maisons. Profession d’une religieuse à Rœderer. Température matin + 12° ; midi à l’ombre + 23°. A 4 h. rafales de 4 ou 5 bombes sur les batteries ; 6 h. bombes sifflent. Vers 4 h. aéroplane (français, je crois).
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Lundi 1er mai
Dans la région au sud de Lassigny, les Allemands, après une vive canonnade, ont dirigé une petite attaque sur nos positions, entre Attiche et le Hamel. Après avoir pris pied dans un élément de tranchée, ils en ont été rejetés par une contre-attaque.
A l’ouest de la Meuse, bombardement du secteur d’Avocourt et de la région d’Esnes. Nous enlevons une tranchée au nord du Mort-Homme, en faisant 53 prisonniers, dont un officier. Nous enlevons également une tranchée au nord de Cumières, en faisant 30 prisonniers.
Activité intermittente d’artillerie sur la rive droite de la Meuse et en Woëvre.
Dans les Vosges, nous repoussons l’ennemi avec pertes pour lui, au bois de Sapt, à la Tête-de-Faux et au sud de Largitzen.
Nous avons abattu un fokker près de Roye et contraint un autre à atterrir dans la même région. Deux fokkers ont été abattus, l’un près des Eparges, l’autre au sud de Douaumont. Trois taubes ont été descendus près de Verdun.
Les Allemands, après avoir attaqué le front anglais à l’aide de gaz asphyxiants, ont dû reculer.
Le général Smuts continue la poursuite de l’ennemi en Afrique orientale.
Succès russe dans la région d’Erzindjian, en Asie Mineure.
Source : La Grande Guerre au jour le jour