Louis Guédet

Dimanche 14 mai 1916

Été à la messe de 8h rue du Couchant. En rentrant trouvé Charles Heidsieck : il m’invite à déjeuner au Cercle rue Noël. Je m’y rends à midi. Je m’y trouve avec M. Charles Heidsieck mon invitant, Albert Benoist, Pierre Lelarge, Charles Demaison (1854-1937, frère de Louis Demaison, Président de l’Académie de Reims), Docteur Simon, Mme Farre. Déjeuner très gai. Échangé beaucoup d’idées, parlé des futures élections municipales. Ils avaient l’air de me présenter pour être parmi les candidats au nouveau Conseil Municipal.

…à 5h porté des lettres à la Poste, fait un tour, poussé jusqu’à l’Hôtel de Ville où je me suis rencontré avec Houlon, Guichard, vice-président des Hospices, ensuite Charles Heidsieck et Pierre Lelarge que j’ai reconduis jusqu’au Cercle, rentré à la maison, fait un modèle de testament pour le frère de Jacques et écrit ces notes.

Bref on a été très inquiet pendant un mois au sujet de l’effort allemand sur Reims pour contrebalancer l’échec de Verdun, mais l’orage est détourné. Quand à l’évacuation il parait que le Général Joffre la voulait coûte que coûte, et au Conseil des Ministres il a fallu toute l’influence de M. Léon Bourgeois (1851-1925, sénateur de la Marne, alors Ministre d’État, une place de Reims porte son nom depuis 1925) pour éviter cette décision qui aurait été désastreuse. C’est heureux ! et espérons que cette affaire ne reviendra pas sur l’eau (ne reviendra pas d’actualité) et ne se fera pas. Car dans ce cas ce serait le pillage de la Ville par la troupe et surtout par tous les galonnards, embusqués ou non !! Tas de propre-à-rien. Triste monde.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Dimanche 14 – Nuit et journées tranquilles. Visite du secrétaire de l’Ar­chevêché de Toulouse, l’abbé Lasalle, aumônier militaire à la 67e division.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Dimanche 14 mai

En Champagne, activité des deux artilleries dans les régions de Prosnes et de Saint-Hilaire-le-Grand.
Sur la rive gauche de la Meuse, bombardement ininterrompu dans les secteurs du bois d’Avocourt et de la cote 304 : nous avons réalisé encore quelques progrès autour de la cote 287; nous avons repoussé une attaque sur nos positions à l’ouest de la cote 304. Sur les pentes nord-est du Mort-Homme, un coup de main tenté par l’ennemi a complètement échoué.
Sur la rive droite, les Allemands ont renouvelé leurs attaques sur nos tranchées au sud-est du fort de Douaumont. Malgré la violence du bombardement qui précédait les assauts de l’ennemi, notre ligne n’a fléchi sur aucun point. L’adversaire a été refoulé avec des pertes sérieuses.
D’autres tentatives dirigées au cours de la nuit sur nos positions au nord de la ferme Thiaumont ont été également arrêtées par nos tirs de barrage et nos feux de mitrailleuses.
Canonnade en forêt de Parroy et au Ban-de-Sapt.
Les Allemands ont pris l’offensive contre le secteur de Jacobstadt et dans plusieurs autres secteurs de la région de Dvinsk.
Une nouvelle offensive turque a été brisée par les Russes, entre la frontière persane et Bagdad.
Les Anglais ont perdu quelques tranchées près de Vermelles.

Source : La Grande Guerre au jour le jour

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