Louis Guédet
Mercredi 5 avril 1916
571ème et 569ème jours de bataille et de bombardement
5h soir Assez tranquille, temps de pluie froide. Tout pousse et verdoie étonnamment, mais j’ai le cœur en loques. Reçu 2 lettres, l’une de Madeleine et une de mon petit Maurice ! J’aimerais mieux que ce pauvre petit ne m’écrive pas, cela me fait trop mal. Quelle journée de souffrances morales !
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Paul Hess
5 avril 1916 – Dans Le Courrier de la Champagne d’aujourd’hui mercredi, nous lisons ce compte-rendu mi-figue, mi-raisin des dernières séances de bombardement :
Le bombardement
(557e jour du siège).
Avant-hier, une centaine d’obus sont tombés aux extrémités de la ville.
Hier, journée calme, coupée par quelques rares coups de canon. Un obus est tombé à l’extrémité de la ville.
Alors que le communiqué officiel et les journaux ont signalé, dès le lendemain, les huit bombes tombées sur Dunkerque, il n’est pas encore question du millier de bombes tombées dimanche sur Reims.
Reims et une ville bien oubliée. Il n’y a que le ministre des Finances et ses agents qui songent encore à elle.
A l’avant, on nous envoie des marmites. A l’arrière, on nous envoie des feuilles de contributions. Agréable position.
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Mercredi 5 – Nuit tranquille ; + 6 ; pluie toute la nuit. Obsèques de M. l’Abbé Choimet, aumônier militaire à Sainte-Geneviève. Allocution à l’assistance, en présence des chefs et des soldats.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Mercredi 5 avril
Au nord de l’Aisne et en Argonne, nous exécutons des tirs efficaces sur les batteries ennemies.
A l’ouest de la Meuse, une attaque ennemie, dirigée sur le village d’Hautcourt, a totalement échoué.
A l’est de la Meuse, le bombardement a repris au cours de la journée avec une grande violence entre Douaumont et Vaux. Les Allemands ont lancé une très forte attaque sur nos premières lignes. Leurs vagues d’assaut successives ont été fauchées par notre artillerie et notre infanterie, et ils ont dû refluer sous le bois du Chauffour, où nos batteries leur ont encore fait subir des pertes considérables.
En Woëvre, duel d’artillerie au pied des Côtes-de-Meuse.
Dans les Vosges, une attaque allemande a été rejetée devant nos tranchées de Seppois.
Un de nos dirigeables a bombardé la gare d’Audun-le-Roman.
Trois hydravions autrichiens ont été détruits par les Italiens après un raid sur Ancône.
L’activité d’artillerie reprend en avant de Salonique.
Les Russes ont accompli de nouveaux progrès en Arménie et les Turcs sont pris de panique en Asie Mineure.