Louis Guédet

Mardi 11 avril 1916

577ème et 575ème jours de bataille et de bombardement

7h soir  Temps maussade, mais le calme, pluie. Retiré de la Banque de France, qui veut qu’on vide tous les coffres-forts, l’argenterie de Mmes Mareschal et Gambart, fait de même au Crédit Lyonnais. Tout cela n’est pas sans m’impressionner et ces mesures de prévention vous énervent. On ne peut s’empêcher de se dire et demander « que va-t-il se passer ? » Cet après-midi je me suis décidé à mettre une chaussure et à sortir pour entraîner un peu mon pied pour mon voyage ! Je suis rentré un peu fatigué, mais je crois que je suis arrêté par cette entorse et cet excès de goutte. Je suis toujours fort triste. Je ne cesse d’être angoissé. Ce m’est bien pénible et douloureux.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

 Cardinal Luçon

Mardi 11 – Nuit tranquille, sauf quelques rafales à rares intervalles ; + 5. Journée tranquille.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Mardi 11 avril

Dans la région de Roye, une reconnaissance ennemie a été dispersée par notre fusillade avant d’avoir atteint nos fils de fer, au nord d’Andéchy.
En Argonne, notre artillerie a endommagé les organisations allemandes au nord de la Harazée. Nous avons canonné la partie du bois d’Avocourt occupée par l’ennemi.
A l’ouest de la Meuse, bombardement d’une intensité croissante. Une attaque allemande, débouchant de la région Haucourt-Béthincourt sur nos positions au sud du ruisseau de Forges a été brisée avec de grosses pertes sur l’ennemi. Une autre attaque sur le front Mort-Homme-Cumières – où, durant la nuit précédente, l’ennemi avait pris pied dans une tranchée avancée, -n’a pas eu plus de succès; nos tirs de barrage l’ont contenue.
A l’est de la Meuse après un bombardement violent de la côte du poivre, les Allemands ont dirigé plusieurs attaques infructueuses sur le bois de la Caillette.
Nous avons abattu un fokker près d’Esnes, un autre fokker en Woëvre; un troisième a été capturé en Champagne. Un taube a survolé Nancy, lançant deux bombes.
Un dirigeable italien a jeté des obus sur Riva (lac de Garde).
Le conseil des ministres a siégé à Washington pour délibérer sur la suite à donner à l’affaire du Sussex.

Source : La Grande Guerre au jour les jour

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