Louis Guédet
Mardi 30 novembre 1915
444ème et 442ème jours de bataille et de bombardement
6h soir Temps froid avec pluie et rayons de soleil. Présidé mon tribunal de simple police, une centaine d’affaires presque toutes jugées. Les gendarmes en ont pris pour leur… grade. Le commissaire de Police leur a dit leur fait, et entre autres qu’ils étaient là pour faire respecter la loi, mais que par contre ils ne devaient pas oublier que la population de Reims était digne d’intérêt et bien assez malheureuse et n’avait pas besoin d’être… molestée par les Gendarmes !! Les bombes et obus étaient suffisants. Les 3 pandores qui étaient là ne savaient pas si « c’était du lard ou du cochon » comme on dit dans mon village ! J’espère que la leçon servira.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Paul Hess
Bombardement sérieux, vers Pommery et le Champ de grève.
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Mardi 30 – Nuit tranquille, visite de M. Rampillion des Moguèle.
Visite au Docteur Gauge, à M. Lefèvre, maison des Chapelains. Ordination par Mgr Neveux, de M. Maurice Broux, au diaconat (du diocèse de Lille).
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Mardi 30 novembre
Combats à la grenade en Artois, aux abords de la route de Lille, et en Lorraine, autour de Reillon.
Au nord du Labyrinthe, nous avons, par une vive attaque, chassé l’ennemi de l’entonnoir qu’il occupait. Il a subi des pertes sensibles.
C’est un sérieux échec que les Allemands ont essuyé à Berry-au-Bac, devant un de nos ouvrages. Ils ont laissé des morts et des prisonniers.
Quatre taubes ont survolé Verdun et jeté des bombes. A titre de représailles, cinq de nos avions ont bombardé la gare de Brieulles, au sud de Stenay, coupant la voie ferrée et forçant un train à rebrousser chemin.
Un de nos avions a dû atterrir à Dompcevrin (rive gauche de la Meuse). Les aviateurs sont sains et saufs.
Avance russe en Courlande.
Les Italiens ont fait encore plusieurs centaines de prisonniers autour de Goritz.
La situation à Monastir est devenue assez précaire. Néanmoins, les Bulgares n’ont pas encore attaqué la ville qui est défendue par le colonel Vassich. Le mauvais temps continue à suspendre les opérations dans le secteur français de Macédoine.
Les échanges de notes se poursuivent entre les alliés et la Grèce : aucun résultat définitif n’est encore acquis.
Le roi de Roumanie a lu le discours du trône qui n’éclaircit toujours pas l’avenir.
Lord Kitchener a traversé Paris.
Source : La Grande Guerre au jour le jour