Maintenant, je vais mieux mais je souffre toujours beaucoup de l’estomac.
Vois-tu, ce qui nous faudrait, c’est la fin de la guerre, enfin, il faut espérer que nous en approchons, car je t’assure qu’il me tarde de te revoir ainsi que toute la famille.
Prenons patience, ce grand jour, espérons-le, sera vite-là.
Embrasse, chère Maman, toute la famille pour moi.
Reçois chère Maman, de ton fils qui t’aime, ses plus affectueux baisers.
H. Janisson
Hélas, une lettre non datée, mais le titre de la photo nous laisse à penser que nous sommes en 1915 (Reims dans sa deuxième année de bombardement 1914-15)… malgré l’espoir d’une fin proche, la guerre va encore durer longtemps, de quoi user le moral de nos soldats.
Le recto de la carte nous ramène à l’incendie de la Cathédrale de Reims, suite aux bombardements allemands du 19 septembre 1914…
…le moment est très précis, comme l’indique la légende au bas de la carte :
« On remarque qu’une des deux toitures au bras septentrional n’est pas encore consumée (17h25)
à 17h30 tout était détruit »
Il faut effectivement de bons yeux pour apercevoir un semblant de charpente en train de terminer sa vie dans les flammes. Mais on croit aisément le photographe.
« A cinq heures et demie, la toiture achève de se consumer. On aperçoit, à travers les vitraux de la grande nef, des lueurs rouges faisant supposer qu’à l’intérieur tout brûle.
On s’arrache à grand’peine de ce spectacle terrifiant qui ne sortira jamais de notre mémoire. »
M. Aubert (Reims, un siècle d’événements, par D. Pellus).
Finalement, aucune photo n&b de l’époque ne sait rendre fidèlement, ce que fut réellement ce spectacle d’horreur et de désolation, comme si Notre-Dame de Reims se faisait dévorer toute entière par les flammes de l’Enfer ! …on ne peut que l’imaginer.