Louis Guédet

Vendredi 17 septembre 1915

370ème et 368ème jours de bataille et de bombardement

7h soir  Nuit calme, journée calme, température lourde et orageuse. Ce matin audience de justice de Paix, conseil de famille des enfants de mon pauvre ami Mareschal, conciliation, etc…  jusqu’à 11h3/4. Eu à déjeuner Marcel Heidsieck, causé longuement. Terminé mon après-midi à faire mon courrier. Voilà ma journée. Pas de nouvelles de ma femme. J’espère en avoir demain. Peu de canon au lointain, on « ragote » toujours sur la marche en avant qui, comme Marlborough, ne vient jamais. Je crains bien que nous n’en ayons encore pour l’hiver et le printemps prochain. Ce n’est guère encourageant.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

 Paul Hess

17 septembre – Fait un tour en ville, de 13 h à 14 h et rencontré en tout et pour tout deux personnes ; les rues sont désertes, les magasins fermés. Il y a lieu de supposer que bien des gens sont terrorisés à l’avance, dans l’attente du « grand coup » dont on parle sans cesse.

  • Certains Rémois s’émeuvent et tous s’étonnent que des travaux de défense de la ville soient seulement exécutés à cette époque. Des tranchées sont creusées aux arènes du sud et du côté de la butte Saint-Nicaise ; des réseaux de fils de fer interdisent tout accès direct du faubourg vers le cimetière, dont les murs viennent d’être crénelés, des chevaux de frise ont été posés et un seul pas­sage existe maintenant pour sortir de la rue Dieu-Lumière. Le boulevard Henri-Vasnier est fermé par une barricade, à hauteur de la maison Pommery.

On trouve pour le moins anormales, plutôt inexplicables, ces mesures de protection bien tardives, venant seulement après une année pendant laquelle les Poilus ont réussi à maintenir les Alle­mands devant Reims, mais notre point de vue de civils — forcé­ment limité — nous permet-il de voir exactement les choses, dans l’ignorance où nous sommes des raisons d’ordre militaire qui ont motivé ces dispositions nouvelles.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

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Cardinal Luçon

Vendredi 17 – Nuit et matinée tranquilles. 3 h. bombes. Via Crucis in Cathedrali.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Vendredi 17 septembre

Tirs efficaces de notre artillerie lourde en Belgique, dans le secteur de Nieuport.
Autour d’Arras (Roclincourt, Neuville), action énergique de nos batteries en riposte au bombardement ennemi.
Lutte de mines à Frise (Somme), canonnade autour de Roye et de Lassigny, et autour de Sapigneul, sur le canal de l’Aisne à la Marne, ainsi qu’au nord du camp de Châlons.
Bombardement réciproque entre Aisne et Argonne. Lutte de bombes et canonnade à Saint-Hubert et au bois Le Prêtre, où les Allemands usent surtout de leurs lance-mines.
En Lorraine (vallées de la Seille et de la Loutre), nous effectuons des tirs de destruction sur les retranchements allemands.
Les Italiens ont arrêté toute une série d’attaques autrichiennes dans le Trentin et en Carnie.
Les Russes, reculant pas à pas vers Wilna, ont poursuivi leurs avantages sur le secteur sud du front oriental, où le chiffre des prisonniers faits quotidiennement par eux demeure très élevé.
Les Anglais avouent la perte d’un sous-marin aux Dardanelles.
La Douma russe a été prorogée au mois de novembre.
Les ministres de la Quadruple Entente ont remis une nouvelle note à la Bulgarie, afin de déterminer son intervention aux côtés des Alliés.

Source : La Grande Guerre au jour le jour