Cardinal Luçon
Nuit tranquille, sauf gros coups de canons vers 9 h. 1/4 et à différentes reprises, notamment vers 3 h., pendant 1/4 d’heure environ chaque fois. Journée tranquille. Aéros français vers 5 h. 1/2. Canonnade française assez nourrie dans l’après-midi. Visite de M. Danel, de Lille, à Mencière.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Juliette Breyer
Jeudi 9 Septembre 1915. Si tu voyais les préparatifs, mon Charles, près des caves Pommery. Ce ne sont que tranchées et fils de fer barbelés. Oh vivement que ça finisse ! C’est que j’en serai malade ; je ne tiens plus, j’ai comme la tête vide, je ne dors plus et si je suis encore longtemps sans avoir de tes nouvelles je mourrai de chagrin. Mes petits sont pourtant gentils mais c’est l’incertitude qui me tue. J’envisageais un avenir si beau à te garder chez nous.
Qu’est-ce que sera l’avenir ? J’arrête, je n’en peux plus.
Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL
De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)
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Jeudi 9 septembre
Actions d’artillerie : en Belgique, au nord d’Ypres; en Artois, autour d’Arras; dans le secteur de Roye; entre Oise et Aisne; en Champagne, entre Reims et l’Argonne, et en Woëvre septentrionale.
Dans la partie occidentale de l’Argonne, les Allemands ont, après un bombardement intense, avec large emploi d’obus suffocants, prononcé contre nos positions une attaque menée par deux divisions. Ils ont, sur quelques points, pris pied dans nos tranchées avancées. Mais une violente contre-attaque de notre part a déterminé leur échec dans leur nouvelle tentative de rupture de notre front.
Pour riposter au raid des taubes au-dessus de Nancy, une escadrille française a lancé des obus sur les établissements militaires de Frescaty et sur la gare des Sablons, à Metz.
Trois zeppelins ont opéré au-dessus de la côte orientale de l’Angleterre: dix morts, quarante-trois blessés.
La situation demeure stationnaire sur le front russe. Le grand-duc Nicolas est chargé, par rescrit du tsar, du commandement de l’armée du Caucase.
Le sultan de Turquie a lancé un suprême appel à l’empereur d’Allemagne. La situation, en effet, devient de plus en plus précaire à Constantinople.
Les Italiens ont remporté un succès dans le secteur de Tolmino.
Plusieurs bâtiments français ont été coulés par un sous-marin allemand dans l’Atlantique (au large de la pointe de la Coubre et de Belle-Isle).
Source : La Grande Guerre au jour le jour