Louis Guédet

Lundi 16 août 1915

338ème et 336ème jours de bataille et de bombardement

7h soir  La nuit a été calme. Toujours de la pluie. On a commencé à sortir nos pauvres meubles de la cave ! Dans quel état !! J’en ai bras et jambes cassés, cœur crevé. Non ! je ne puis voir cela et je me suis sauvé. Je n’y résisterai pas ! J’ai pleuré toute la journée dans mon pauvre réduit ! Non c’est trop d’épreuves pour un seul, tout seul ! trop sur le même. Je crois que j’aimerais mieux voir tout brûler que devoir subir ces épreuves !!

Je suis d’une tristesse !! et ajoutez à cela, une lettre de ma chère femme qui me fait craindre qu’elle serait encore obligée de fuir de St Martin. Alors ce serait la fin pour moi. Je succomberai, car je n’ai plus la force ni la vaillance ni la confiance d’il y a un an. Mon Dieu, quand finirez-vous avec mon martyre ? Quand aurai-je un toit pour nous abriter tous et ne plus le quitter, nous quitter.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Nuit tranquille, journée tranquille ; visite de l’abbé Carré, vicaire à Saint-Maurice.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Carte postale : Pierre Fréville
Carte postale : Pierre Fréville

Lundi 16 août

Bombardement en Artois (Souchez, Roclincourt); en Champagne (Beauséjour); en Lorraine (Leintrey et Reillon). L’ennemi a lancé quelques obus, à longue distance, sur la ville ouverte de Montdidier. Nos contre-batteries ont arrêté son tir.
Entre Oise et Aisne, nous avons fait exploser une mine au nord de Puysaleine et occupé l’entonnoir après un violent corps à corps. En Argonne, notre artillerie force les Allemands à interrompre leur bombardement à la Fontaine-aux-Charmes et aux Courtes-Chausses. A Bagatelle, combats pour l’occupation d’un entonnoir dont nous restons maîtres.
Dans les Vosges (à la Faye), une mine allemande explose sans causer de dommages. Nous bombardons la gare de Sainte-Marie-aux-Mines et le camp de Barrenstall.
Un groupement de dix-neuf de nos avions a lancé 108 obus sur les parcs et depôts allemands de la vallée de Spada. Tous sont rentrés.
C’est notre contre-torpilleur Bisson qui a coulé dans l’Adriatique le sous-marin autrichien. Il faisait partie d’une escadrille italienne.
Russes et Allemands continuent à se heurter en Courlande. A Kovno, nos alliés ont encore repoussé six attaques. Combats entre Narew et Bug. Combat également devant Novo-Georgievsk, qui n’est pas évacué. Sur la rive gauche du Bug, sanglantes rencontres dans la région de Siedlec et de Loukow.
La Douma a répondu au message de la Chambre française.
Les Autrichiens ont recommencé à bombarder Belgrade : les Serbes ripostent
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Source : La guerre au jour le jour