Paul Hess

4 novembre 1916 – Dès le matin, on parle d’un bombardement effectué par nos avions, au cours de la nuit, vers Pontfaverger – Bétheniville.

— Dans la matinée, nos pièces tirent et des arrivées se font également entendre.

A 15 h 1/4, une séance serrée de bombardement commence brusquement sur le centre.

A la mairie, le personnel doit quitter les bureaux, les projectiles tombant d’abord, par rafales de trois et quatre, dans le voisinage de l’hôtel de ville.

Groupés à quelques employés, dans la salle des appariteurs, nous voyons, entre autres arrivées, la fumée d’une explosion qui vient de se produire à l’arrière d’une des premières maisons de droite de la rue Colbert, derrière la Banque de France. Un sifflement s’accentue encore parmi les autres et un obus tombe au milieu de la place ; presque aussitôt, un 120 éclate de nouveau, cette fois sur le trottoir de la gauche du perron, devant la première fenêtre de la salle où nous nous tenons ; ses éclats, entrant par cette fenêtre, ont été projetés dans l’angle opposé à celui où nous sommes réunis — puis, cela devient un arrosage en ville.

Avant même de réintégrer nos bureaux, nous apprenons qu’un agent auxiliaire, M. Mathieu, vient d’être tué auprès du commissariat du 2e ; peu après, on signale deux autres morts : un homme, rue Gambetta et un enfant, rue du Barbâtre.

Les quartiers fortement éprouvés ce jour, ont été principalement le centre, les rues de Vesle, de Talleyrand, de l’Etape, du Cadran-Saint-Pierre, celles des alentours de l’hôtel de ville et les environs de Saint-Remi.

A 16 h les sifflements cessent, mais alors, nos pièces ripostent ferme.

— Les journaux ont annoncé aujourd’hui, la reprise du fort de Vaux.

Vaux, le front allemand, le 4 novembre 1916
Vaux, le front allemand, le 4 novembre 1916

Cardinal Luçon

Samedi 4 – Nuit tranquille. Pluie. Projections. + 10°. A 9 h. canons fran­çais. A 9 h. 1/2 bombes allemandes sifflent. Visite au Fourneau rue Féry. Bombes rue du Jard. A 3 h. gros canons français. A 9 h. 1/2 riposte allemande par bombes sifflantes nombreuses, dont quelques-unes tombent pas loin d’ici. Bombardement violent pendant trois quarts d’heure : 250 obus sur la ville : rue du Clou-dans-le-Fer, rue des Carmes, rue de l’Etape, église Saint-Jacques, rue Thiers. Victimes.


 

Samedi 4 novembre

L’ennemi, sous la violence de notre bombardement, prolongé depuis plusieurs jours et sans attendre l’attaque de notre infanterie, a évacué le fort de Vaux. Notre infanterie a occupé cet important ouvrage sans aucune perte. La ceinture des forts extérieurs de Verdun est maintenant rétablie dans son intégrité et solidement tenue par nous. Notre infanterie, maîtresse du fort de Vaux, a progressé jusqu’aux lisières du village de Vaux. Au nord de l’étang, elle a pris pied sur la croupe qui domine ce village sans qu’aucune réaction ne se produise de la part de l’ennemi. Sur le front anglais, les Allemands ont dirigé une attaque sur une tranchée qui leur avait été enlevée à l’est de Gueudecourt. Ils ont été repoussés. L’artillerie et les mortiers de tranchées ont bombardé les lignes allemandes à l’est de Sauquissart et vers Blairville. Les Anglais ont enlevé un nouveau village dans la vallée de la Strouma. Les Russes ont repris sur le Stokhod des tranchées que les Allemands leur avaient prises. Continuant leur avance dans le Carso, les Italiens ont encore capturé 3.500 Autrichiens. Les Roumains poursuivent leur progression dans la vallée du Jiul. Ils ont pris 4 canons.

Source : La guerre au jour le jour