Louis Guédet
Vendredi 12 mars 1915
181ème et 179ème jours de bataille et de bombardement
4h soir Journée toujours fort triste. Je ne puis me relever du coup que j’ai reçu. Le Cardinal Luçon est venu me voir tout à l’heure avec l’abbé Camu son vicaire général, il a paru fort ému de mon désastre. Le chanoine Prévoteau de même. Tout cela ne relève pas mes ruines !! Oh ! que je suis découragé. Et rien ne vient me soutenir ni me réconforter !! Non ! L’épreuve est bien dure ! et… est-elle finie ??
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Paul Hess
Nous avons encore été bombardés le 7. La canonnade, de notre part, n’a pas cessé de toute la journée du 8, de la nuit suivante et des journées des 9 et 10.
Au cours des nuits des 10 au 11 et du 11 au 12, un bombardement violent a été mené sur le quartier de Saint-Remi et vers la maison de retraite. Des batteries seraient nouvellement installées dans les parages, paraît-il ; l’ennemi cherche vraisemblablement à les démonter.
Aujourd’hui 12, journée calme.
– Ainsi que tous les soirs depuis quelques temps, je vois fonctionner de mon lit, avant de m’endormir, les projecteurs éclairant les lignes devant Reims, sur le front Bétheny-Cernay. Ces jours derniers, ils m’ont rendu service assez souvent pour regagner, dans la nuit noire la rue Bonhomme.
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Vendredi 12 – Nuit comme la précédente. Bombes d’heure en heure. Visite à Saint-Benoît, à Clairmarais, à M. Guédet incendié.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Vendredi 12 mars
Le brouillard a ralenti les opérations sur divers points du front.
En Belgique, une escadrille anglaise a bombardé Westende avec succès; nous repoussons deux attaques dans la région d Ypres et les anglais refoulent deux retours offensifs près de Neuve-Chapelle. Nous réalisons de nouveaux progrès en Champagne, près de Perthes. Dans les Vosges, les ennemis subissent un échec au Reichackerkopf.
Un long rapport de l’état-major français, ripostant a une note mensongère de l’état-major allemand, précise la situation en Champagne. Nous avons eu affaire à cinq corps d’armée ennemis et nous avons conquis, sur un front de 7 kilomètres, une étendue de 2 à 3 kilomètres en profondeur. 10.000 cadavres allemands ont été trouvés sur le terrain.
Von Hindenburg recommence une offensive sur Varsovie par la rive droite de la Vistule où il a concentré des troupes ramenées de la rive gauche. Mais toutes les précautions sont prises par les Russes.
Le ministre des Finances d’Allemagne, M. Helfferich, fait au Reichstag un tableau enchanteur de la situation économique de l’empire, mais ce tableau ne correspond en rien à la réalité.
La Chambre des communes anglaise a autorisé le gouvernement à réquisitionner les manufactures et usines pour la production intense du matériel de guerre.
Le croiseur auxiliaire allemand Eitel-Frédéric a été interné dans les eaux américaines. Le gouvernement de Washington est irrité des faits et gestes du capitaine qui a dynamité un bâtiment commerçant de l’Union. Il a ouvert une enquête.