Paul Hess

C’est aujourd’hui que siège le conseil de révision pour la classe 1916. En raison de cela, les débitants ont reçu ordre du Général commandant d’armes de fermer complètement leurs établissements, pendant les journées du 10 et du 11.

Journée calme.

– Nous apprenons que M. Terrel des Chênes, 46 ans, faisant fonction de directeur de la maison Pommery depuis la guerre, a été tué hier au cours du bombardement, alors que tous autres personnes ont été grièvement blessés.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Cardinal Luçon

Mercredi 10 – Nuit tranquille. Visite à Saint Jean-Baptiste de la Salle : aux Sœurs du Saint-Sauveur, à l’église, dans les rues. Porté des vêtements pour les pauvres, au Sœurs. Journée tranquille.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux de l’Académie Nationale de Reims

Eugène Chausson

10 – Mercredi – Assez beau temps et brouillard.

Le matin est calme, quelques obus à l’extrémité du faubourg. A 2 h 1/2 du soir un avion allemand survole le 4e canton, 1 bombe sans dégât, il a été de suite mis en fuite par nos canons.

Nuit assez calme.

Carnet d'Eugène Chausson durant la guerre de 1914-1918

Voir ce beau carnet sur le site de sa petite-fille Marie-Lise Rochoy


Hortense Juliette Breyer

Mercredi 10 Février 1915.

Mon Charles, je reprends mon écriture. J’étais si désemparée avant hier. Quel malheur, vois-tu, que je n’ai plus de chez moi. Mon petit André est tombé malade. J’ai passé deux mauvaises nuits. Ta maman me dit de l’amener chez vous mais il n’y a pas de place et je ne peux pas le sortir. Il a des fièvres. Il faut que je retourne près de lui ; mon coco avant tout. J’en parlerai à ton parrain. Il le comprendra. On est bien aux caves, et moi je ne me trouverai bien qu’entre mes deux petits.

Je retourne donc chez ton parrain mais malheureusement il n’est pas revenu de Paris. Ta mémère me conseille de ne pas l’attendre et me dit que ma place est près d’André. Quand ton parrain rentrera, je m’excuserai auprès de lui. Il a des enfants et pour rien au monde il ne voudrait qu’il arrive quelque chose aux miens.

Si tu voyais comme mon coco est heureux. Il ne mangeait plus, pauvre crotte ; il a voulu que ce soit moi qui le couche et pour la petite sœur, on lui a fait une espèce de banne que je conserverai toujours. Ce sera un triste souvenir mais cela me rappellera les jours malheureux et le bonheur, s’il me revient, me semblera plus grand. André, lui, s’en rappellera.

C’est bizarre, vois-tu, mais je m’y plais aux caves. Je ne sais pas si c’est parce que j’y ai souffert, mais cela m’attire et je vois que cela procure une joie à maman. Elle souffre tant, elle aussi. Elle n’a pas non plus de nouvelles de Paul. Elle se fait autant de mauvais sang pour toi que pour lui. Elle souffre en silence ; on ne la voit jamais sourire.

Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL

De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)

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Furnes
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