Abbé Rémi Thinot
16 JANVIER – samedi –
Visite au chanoine Morette, le récent décoré et à l’Abbé Renault, tous deux de Toulouse et aumôniers de corps. Je ne les ai pas rencontrés. Entretemps, j’en apprends de jolies… le dit chanoine est un nul, un inactif, mais il a de ses élèves à 1’Etat-Major… alors.. !
Extrait des notes de guerre de l'abbé Rémi Thinot. [1874-1915] tapuscrit de 194 pages prêté à Reims
Louis Guédet
Samedi 16 janvier 1915
126ème et 124ème jours de bataille et de bombardement
8h matin Nuit de tempête, pluie et vent terrible. Ce matin soleil, avec un baromètre très bas (74/5). Je suis prêt à partir, et je vais laisser ma maison et tout à l’abandon ! à la Grâce de Dieu ! que Dieu protège cette maison durant mon absence et que je la retrouve intacte, et qu’en rentrant j’apprenne en même temps que Reims va être délivré. Dieu protégez-moi. Protégez tous les miens mes aimés. Protégez ma maison, tout mon bien.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Samedi 16 – Nuit tranquille. Écrit aux Cardinaux.
Après-midi 3 h 1/2, visite à la Cathédrale. Un obus tombe sur le mur entre l’archevêché ou Palais archiépiscopal et la Cathédrale sur la place du Parvis. Nous apprenons que 49 paroissiens de Mouzon ont été emmenés prisonniers en Allemagne
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Eugène Chausson
16 – Samedi. Mauvais temps. Violente canonnade dans la même direction (Soissons) et les grosses pièces de Reims qui tirent principalement dans la direction de Brimont. Vers 2 h du soir un violent incendie dans la direction de la Neuvillette (Distillerie de Merfy) à 6 h 1/2 du soir c’est encore d’une grande intensité. La nuit, assez calme à part quelques coups de canon.
Carnet d'Eugène Chausson durant la guerre de 1914-1918
Samedi 16 janvier
Vifs combats d’artillerie en Flandre. Nous progressons près de Lombaertzyde. Près d’Arras, les zouaves enlèvent des positions importantes sur la route de Lille. Notre artillerie, dans la Somme (nord de Roye), détruit plusieurs pièces de canons et démolit des ouvrages ennemis en construction.
Au nord-est de Soissons, les Allemands voulant tirer parti de leur avance de la veille marchent sur l’enclos de Saint-Paul (2 kilomètres de la ville). Ils le prennent, mais nous le reprenons aussitôt.
Nous réduisons les batteries ennemies au silence dans les régions de Craonne et de Reims.
Les Allemands avaient établi des passerelles sur la Meuse, à Saint-Mihiel : nous les détruisons. Plus au sud, à Senones, dans les Vosges, nous bouleversons leurs positions.
L’armée russe refoule les Allemands, par la rive droite de la Vistule, sur la frontière de la province de Prusse occidentale, en leur infligeant d’énormes pertes. Les tentatives que renouvelle von Hindenburg sur la rive gauche sont encore une fois brisées.
L’armée russe du Caucase, poursuivant les débris de l’armée ottomane défaite à Sarykamisch, anéantit le 11e corps, en sorte que dans la région de la frontière arménienne les troupes turques ont désormais à peu près disparu.
La presse de Rome interprète la nomination du baron Burian en remplacement du comte Berchtold comme un acte d’hostilité à l’égard de l’Italie.
Le ministre de la Guerre bulgare déclare que si la Bulgarie prend les armes le roi Ferdinand Ier ne commandera pas les troupes.