Abbé Rémi Thinot

24 DECEMBRE – jeudi –

J’ai confessé pas mal d’enfants et de grandes personnes aux caves Werlé, dans un confessionnal improvisé entre les bouteilles…

Demain, à 7 heures et demie, je dirai la messe là… sous ces voûtes profondes…

Quels temps nous vivons ! et que de choses extraordinaires, qu’on finit par trouver très naturelles !

Extrait des notes de guerre de l'abbé Rémi Thinot. [1874-1915] tapuscrit de 194 pages prêté à ReimsAvant en 2017 pour numérisation et diffusion par Gilles Carré.

Paul Hess

Nuit encore très mouvementée. Fusillade et canonnade.

– Sur la situation actuelle de Reims, Le Courrier dit aujourd’hui ceci :

Le bombardement (99e jour de siège)

Nous avons dit hier, que la journée avait été marquée par une recrudescence sauvage du bombardement qui avait, en outre des ruines, fait de nombreuses victimes.

La censure nous ayant interdit d’en publier le chiffre officiel nous nous sommes inclinés.

Notre population n’en demeure pas moins douloureusement impressionnée, d’autant plus que les derniers communiqués officiels étaient, pour notre région, plutôt rassurants et faisaient prévoir même une amélioration de l’état de choses actuel.

Hier encore, la canonnade a été dirigée sur divers points de la ville. Dieu veuille que nous n’ayons pas d’autres victimes à ajouter au martyrologe de notre malheureuse cité.

 Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Cardinal Luçon

Jeudi 24 – Nuit silencieuse, Canonnade continuelle, dans la matinée du côté français. Pas de bombes sur la ville.

Visite d’un lieutenant, m’invitant à assister à la Messe de Minuit dans les Caves Roederer, messe militaire. Accepté avec bonheur.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux de l’Académie Nationale de Reims

Eugène Chausson

24 – Jeudi – Brouillard en temps froid, car le matin il tombe quelques flocons de neige. Violente canonnade de notre part et un peu de réponse du côté des Allemands. A 4 h 1/4 du soir, quand j’écris ces lignes nos grosses pièces font encore rage de tous les coins de la ville, on se croirait encore au jugement dernier

Carnet d'Eugène Chausson durant la guerre de 1914-1918

Voir ce beau carnet sur le site de sa petite-fille Marie-Lise Rochoy


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Jeudi 24 décembre

Nous avons progressé,en Flandre, entre la mer et la route de Nieuport à Westende, ainsi que dans la région Streenstraete-Bixschoote. A l’est de Béthune, les forces franco-anglaises ont repris le village de Givenchy-lez-la Bassée qui avait été perdu. Des combats d’artillerie ont eu lieu a l’est d’Amiens et sur l’Aisne. Nous avons terminé, près de Perthes-lez-Hurlus, la reconquête des tranchées dont l’occupation avait commencé le 21, en gagnant en moyenne 800 mètres. Une section de mitrailleuses a été capturée, personnel et matériel. Progrès également au nord-est de Beauséjour.
Sensible avance de nos troupes dans le bois de la Grurie.
Du front oriental, nouvelles assez mélangées. Les Allemands ont été repoussés, en Prusse orientale, sur la ligne Neidenburg-Soldau-Lautenberg. Mais en Pologne, ils ont pris pied sur la Bzoura inférieure et ils ont dépassé Skiernewice. En Galicie, les effectifs austro-allemands se sont rangés sur la ligne Grybow-Sanok, au nord des Carpates.
Les journaux italiens annoncent que des troubles sont imminents à Constantinople. Talaat bey, ministre de l’Intérieur, qui a été jusqu’au dernier moment partisan de la paix, voudrait renverser Enver bey, qui est à l’armée et s’appuierait sur les éléments hostiles à l’Allemagne.
L’amiral Gallaghan est nommé commandant en chef de l’escadre anglaise du Nord.

Source : La grande Guerre au jour le jour