Louis Guédet

Vendredi 27 novembre 1914

76ème et 74ème jours de bataille et de bombardement

5h40 soir  Nuit dernière tranquille. Journée de même jusqu’ici !! A déjeuner l’abbé Andrieux. Toujours bien gentil. Sorti pour répondre au Parquet à la dépêche du Garde des Sceaux au sujet des pensions militaires. De là je pousse chez Mareschal, son mur de jardin sur rue est crevé par des chocs, les 2 maisons en face, aux 89 et 91, sont fort abîmées ! Revenu voir M. Lamy (Pierre-Edouard Lamy, architecte, membre de l’Académie de Reims, décédé à Reims le 30 novembre 1914) à toute extrémité ! Je rentre chez moi, pas de clef de la porte d’entrée que j’ai oubliée sur l’armoire de Robert. Adèle est sortie. Je l’attends, et voici qu’elle me dit avoir aussi oublié ses clefs. Nous voilà dehors ! après bien des essais, je vais au Casino, je monte avec un domestique de la brasserie sur la terrasse et la véranda en verre près du vieil acacia. Il descend comme un chat et va ouvrir la porte à Adèle. En même temps le serrurier arrivait et ouvrait. Sauvé mon Dieu ! Mais quelle alerte ! Dans l’état d’esprit où nous sommes. Heureusement que les bombes ne se sont pas mises de la partie ! Mon Dieu ! Je vous en supplie, délivrez-nous ! des allemands, ayez pitié de nos misères !

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Vendredi 27 – Matinée tranquille, 1 h, bombes.

Répondu à M. Fernand Laudet : Œuvre du Vêtement des Combattants.

Nuit terrible. Bombes à partir de 9 heures. Je descends au sous-sol et me couche à 9h 1/2, mais à 10 h ou 11 h, le bombardement devient si violent, les obus tombent si près autour de nous, je les entends siffler au-dessus de nous et exploser tout près. Je me lève. Une bombe tombe dans la cour ; une autre dans le mur de la maison Meltat, qui fait angle droit avec mon bureau, à 4 mètres du sol et à 8 de ma fenêtre environ.

Incendie dans la maison Balourdet, cela dure jusqu’à 1 h 1/2. A 1 h 1/2 nous nous couchons. Mais le sabbat continue toute la nuit, avec quelques intervalles. Tout finit vers 5 ou 6 h du matin. L’église Saint-Thomas dévastée par les obus est fermée, le culte se fera dans la Chapelle du Patronage de la Paroisse.

Écrit à M. le Curé de Saint-Sulpice, (M. Letourneau).

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux de l’Académie Nationale de Reims

La maison Balourdet
La maison Balourdet

Eugène Chausson

27 /n – Vendredi – Temps gris, brouillard. Toute la journée canonnade et bombardement n’occasionnent parait-il que des dégâts matériels. Vers 2 h du soir, un avion apparait et lance une bombe sans effet.

La nuit fut des plus terribles, pour le bombardement qui a commencé vers 9 h 3/4 du soir, 300 bombes seraient tombées parait-il, n’occasionnant que des dégâts matériels (4 incendies en ville).

Carnet d'Eugène Chausson durant la guerre de 1914-1918

Voir ce beau carnet visible sur le site de petite-fille Marie-Lise Rochoy


Victime civile de ce jour à Reims

  • LEDUNC Victor  – 37 ans, 11 rue du Cloître, marchand de journaux, demeurant à Reims, 36 rue de Metz