En ce mois d’août 1914, quittons Reims pour nous rendre dans le département des Ardennes, plus précisément dans la vallée de la Meuse à quelques kilomètres de la frontière Belge, dans la petite ville de Haybes, qui va devenir en quelques jours l’une des premières Villes Martyres de France.
Rappelons que l’Allemagne, dès la déclaration de guerre, viole la neutralité de la Belgique et envahit ce pays, en direction de la France, l’objectif du plan Schlieffen étant de prendre Paris
L’invasion de la Belgique est brutale, la ville historique de Louvain est réduite en cendres, Liège, Dinant, puis tout le pays, après une résistance remarquable de l’héroïque armée Belge, tombent aux mains de l’ennemi. Et du 21 au 23 août c’est la très célèbre Bataille de Charleroi qui voit s’affronter la Ve armée française du général Lanrezac et la IIe armée allemande du général Von Bülow.
Déjà la population Belge est victime des atrocités allemandes.
Au fur et à mesure de l’avancée de l’ennemi, cela va être le tour des populations du nord-est de la France de subir cette barbarie. Les habitants de la Marne ne tarderont pas à voir arriver dans leurs villes des réfugiés des ces régions envahies, fuyant en masse devant l’horreur.
C’est le 24 août que les Uhlans arrivèrent à Haybes. Extrait du blog La Libre Gazette : « Un soldat allemand fut tué par un soldat français embusqué sur la rive faisant face au village. En signe de représailles, les civils allaient payer un lourd tribut, alors qu’ils étaient parfaitement innocents. Le village sera occupé durant tout le temps de cette guerre, après avoir été pillé et bombardé par l’aviation allemande. 60 habitants seront humiliés, avant d’être exécutés, et 600 maisons seront incendiées.
Des Uhlans, ces fanatiques sanguinaires autant que primitifs, n’hésitèrent pas une seconde à poursuivre femmes et enfants, à travers ruelles et jardins, voire à l’orée du bois. Ils ne tirèrent pas pour se défendre, face à une population désarmée et apeurée, mais juste pour le simple plaisir de tuer et de voir couler le sang, tels de véritables bourreaux et bouchers, sans une once de sentiment et sans l’ombre d’un regret. »
Lire également l’émouvant témoignage de Marie-Louise DROMART, poétesse et infirmière, native de Haybes, qui sera témoin du massacre. Extrait : » Une patrouille de Ulhans qui effectue alors une reconnaissance à cheval est prise pour cible par les soldats français du 348ème Régiment d’Infanterie (ou 148ème de ligne), alors postés dans la colline qui surplombe Haybes. Un Uhlan est abattu. Les habitants sont accusés de cette attaque, malgré les fermes dénégations du maire. En représailles, le bourg va être bombardé. Il fallait un prétexte à la destruction de Haybes, l’ennemi l’a trouvé.
Les ordres sont donnés. Bientôt, les obus s’abattent sur les maisons durant plusieurs dizaines de minutes. Sitôt l’arrêt des tirs, l’ennemi poursuit sa progression dans Haybes, protégé par des habitants faits prisonniers et placés en tête des détachements. Marie Louise Dromart proteste énergiquement et se propose de remplacer seule ces malheureux Haybois. Le commandant allemand refuse la proposition de cette femme qui, peu de temps avant, avait déjà sauvé la vie d’un douanier à la retraite en interposant son bras muni de l’insigne des Croisés, entre le canon d’un fusil allemand et le pauvre homme mis en joue ». Cliquez ICI pour lire la suite.
Le 1er décembre 1919, le président de la République Raymond Poincaré décore la ville de la Croix de Guerre. La mairie occupe un baraquement provisoire.
Annotations des cartes postales ci-dessous :
– HAYBES (Ardennes) — La Grand’Rue en ruines — Cet important village de 2 200 habitants, fut incendié complètement par les Allemands le 24 août 1914. 600 maisons furent détruites et 60 civils massacrés.
– Les crimes des Allemands à HAYBES (Ardennes) – Tombe renfermant 17 personnes fusillées le 24 août 1914. A cette date les Allemands incendièrent complètement l’important village de Haybes (2 200 habitants). Ils détruisirent ainsi 600 maisons et massacrèrent 60 civils.
Rappelons aussi que le département des Ardennes sera le seul département de France entièrement occupé pendant 50 mois. Ses habitants subiront au quotidien : les exécutions, le travail obligatoire, la famine, les humiliations, les réquisitions, les camps, le bagne de Sedan, les déportations en tout genre… Le département sera pillé pendant quatre ans.
Liens :
Livre de Roger Szymanski : « les Ardennes terre de France oubliée en 1914-1918″
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