Madeleine Guedet
31 juillet
10h1/2 du soir
Ce passage a été rajouté dans le cahier sur une feuille volante.
Les chiens aboient, on entend frapper à la porte du fermier, au bout d’un moment on vient ouvrir et j’entends : « C’est le garde champêtre ». « Les gendarmes viennent de me charger de prévenir tous ceux qui ont des chevaux ou voitures de les tenir prêts à la réquisition ».
Et le garde continue à frapper à chaque porte longuement, car bien des gens sont endormis.
Journal de Madeleine Guédet épouse de Louis Guédet, retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Louis Guédet
Vendredi 31 juillet 1914
10h soir Impressions, oui ! Et… peut-être souvenirs !!? Quelle nervosité ! Quelle fièvre, je crois que j’en ai aussi. Dans la journée, bruits contradictoires. Les Russes sont entrés en Autriche, Berlin en état de Guerre (mobilisation) avec la révolution dans ses rues. L’Angleterre est mobilisée… etc… En France le mutisme. Les régiments partent ! Non, ce n’est pas vrai ! Si, ils sont partis !! Et que d’histoires !! Ce soir je rentre de la gare dont la cour est noire de monde. Pas de journaux à 9H1/2. On cause on jase. M. Nocton, gérant de la Caisse d’Épargne me dit qu’il vient de rencontrer le Colonel de St Just (Victor de Saint Just d’Autingues (1862-1933), finira Général de Division) armé de pied en cap, en vraie tenue de campagne, casque encapuchonné, épée en fourreau de serge etc… etc… on dit que les Dragons embarquent en ce moment et qu’à 11h ce sera le tour du 132ème …alors ? Çà y serait ou près de l’être. Nous saurons cela demain matin.
Dans la journée affolement, plus d’argent, les banques ne paient plus qu’en écus et billets de 20 Fr et 5 Fr. Les fameux billets de l’année terrible (1870 – 71) sauf que ceux-là sont datés 24 septembre 1874. Plus rien dans les maisons d’alimentation… le sel est introuvable ou donné parcimonieusement, plus de sucre, quant aux conserves… cela est déjà de la fiction ! Le riz, les légumes secs, les pommes de terre ? Hier 30/35 centimes la livre, aujourd’hui 0,80 Fr !!! etc… etc… J’ai fait ce que peut faire humainement et professionnellement. J’ai une réserve et j’ai fait virer à la Banque de France semblable somme… J’ai fait ce que j’ai pu, mes valeurs en dépôt sont dans un coffre à la Banque de France, je n’ai donc rien à me reprocher. Je n’ai plus qu’à attendre.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Journal de Gaston Dorigny, « Souvenirs et actualités consignés au son du canon«
Le journal couvre la période du 31 juillet au 7 octobre 1914.
Merci à son petit-fils, Claude Balais, de nous avoir confié ce document.
Depuis quelques jours on parle fort de la guerre à la suite de l’intervention de la Russie dans le conflit Austro-Serbe.
L’Allemagne a déclaré la guerre à la Russie, la France s’arme et le départ des troupes commence.
A dix heures le soir le centre d’aviation se prépare. La 6e escadrille par pour Charleville. A 11 heures les Dragons partent à leur tour et à 3 heures du matin, le 132e embarque au quai de la rue Havé.
Gaston Dorigny
Gaston Dorigny était marié avec Marie Elise Noll, sœur du grand Sculpteur Alexandre Noll dont voici une rapide biographie :
Noll, Alexandre.
(1890-1970). Sculpteur et graveur sur bois. Né à Reims, 87, rue Lesage, le 19 mai 1890, décédé à Fontenay-aux-Roses le 30 novembre 1970. Alexandre Henri Noll, fils de concierges, d’une famille originaire d’Alsace, après avoir été tisserand et employé de banque, créa pendant 50 ans des meubles et des sculptures abstraites en bois exotique. Il participa régulièrement au Salon des Artistes-décorateurs, dont il fut sociétaire en 1939, puis au Salon des Réalités nouvelles dès 1946. Il est représenté au musée d’Art moderne de Paris. Une exposition des ses œuvres eut lieu à Reims à la fin de l’année 1973.
Source : Jean-Yves Sureau dans La Vie Rémoise
Une coquille 132e et non 123e
merci Armand