Louis Guédet

Dimanche 16 février 1919

1619ème et 1617ème jours

11h soir  Du brouillard froid pénétrant, de la pluie battante ensuite. Peu de lettres. Je ferme mes malles !! singulière coïncidence ! à 48 ans d’intervalle, le 18 février 1871 je quittais Paris après avoir subi le siège pour revenir à St Martin avec ma Mère retrouver mon pauvre Père, et me voici quittant St Martin pour rentrer à pareille date à Reims après l’avoir quitté depuis un an !! Il y a 48 ans je retrouvais un foyer, mon Père, ma Mère, aujourd’hui je quitte tout pour m’envoler à nouveau et m’enfouir dans des ruines !… Quelle singulière destinée que la mienne !! Misères sur misères !! Souffrances sur souffrances !! Cataclysmes sur cataclysmes !!… Et sans rien savoir du lendemain qui m’est bien sombre !! et douloureux !! Je suis bien délabré ! désespéré !!…

Je ferme ces notes pour St Martin. Je les reprendrai à Reims !! Hélas !! Comment !! Quel calvaire !!

Lettre de Louis Guédet à Honoré Bataille.

L. Guédet Notaire Reims (Marne)
16 février 1919

Cher Monsieur Bataille,

Je suis en retard pour vous remercier de vos sympathies à l’occasion de la mort de mon Père dont je suis encore sous la trop pénible impression, néanmoins je tiens à la faire avant mon départ d’ici pour Reims.

Tous ces derniers temps, du reste, j’ai eu plutôt du surcroit d’occupations en raison de ce douloureux événement au moment même où je prenais mes dispositions pour rentrer à Reims où tout me rappelle impérieusement.

Madeleine me remémore qu’il y a quelques temps vous lui aviez dit que vous désiriez m’entretenir de vos dommages de Guerre, si vous le croyez nécessaire vous pourriez le faire à l’un de vos prochains voyages à Reims.

Madeleine se joint à moi vous offrir nos meilleurs sentiments.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Dimanche 16 – Visite de M. Mennesson Dupont et de sa fille ; de M. Favre, pour le local de la rue Henri Delacroix, de M. de Mun, pour le « Retour à Reims » très intelligemment organisé.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Dimanche 16 février

Le projet de Ligue des nations qui a été déposé à la séance plénière de la Conférence de la paix, a suscité divers commentaires. On épilogue surtout sur les amendements que M. Léon Bourgeois avait rédigés et qui s’efforçaient d’établir un contact plus étroit entre les puissances et en même temps d’assurer leur contrôle sur les fabrications de guerre et leur collaboration plus rapide contre un agresseur éventuel.
Le ministre des Affaires étrangères d’Allemagne, Brockdorff-Rantzau, a pris la parole à l’assemblée de Weimar. Il s’est élevé contre les exigences de l’Entente, mais s’est déclaré prêt à adhérer à la Ligue des Nations.
Fehrenbach, député du centre, a été élu, président de l’Assemblée nationale en remplacement de David, nommé ministre.

Paiva Couceiro à l’époque de la colonisation de l’Angola (c. 1896)

Le gouvernement portugais annonce que l’insurrection royaliste de Porto a été complètement réprimée et que Paiva Conceiro a été arrêté.
Le Sénat américain a voté 30 milliards de crédits de guerre.
On a de nouveaux indices de la tendance des Allemands a renoncer à une mobilisation contre la Pologne.
M. Wilson s’est embarqué à Brest pour New-York.
On annonce de nouveaux troubles à Berlin.
Le Japon aurait offert son appui au gouvernement d’Omsk.
La conférence des Dix a entendu la délégation libanaise, qui a réclamé l’autonomie du Liban en même temps qu’un élargissement des frontières jusqu’ici assignées à cette contrée.

Source : La Grande Guerre au jour le jour