Louis Guédet

Vendredi 17 janvier 1919

1589ème et 1587ème jours

Parti d’Épernay avec Mme Mareschal et René en voiture à 2 chevaux pour Trigny. Pris la route de Reims que j’ai tant parcourue durant la Guerre, et à Montchenot pris à gauche par Sermiers, Nogent, Chamery, Ecueil, villages peu endommagés, Ville-Dommange. A Pargny et Jouy les ruines s’accentuent. Puis Vrigny, Gueux, rasés. C’est lugubre et pas un habitant, on croirait rêver !! Les routes sont défoncées. Muizon, Compensé (le Moulin Compensé), Châlons-sur-Vesle n’existent plus. A Gueux j’ai demandé au cocher où nous étions. J’étais perdu dans ce paysage de cauchemar. Trigny peu endommagé. La maison Mareschal assez abîmée par les pluies, mais fort réparable. Vu le curé de Trigny, qui a été menacé de mort 3 ou 4 fois par les allemands. Il nous disait que le moral des troupes allemandes était, le 28 mai 1918, jour de  l’occupation de Trigny, très bas. Plus de discipline. Répondant et tenant tête aux officiers qui n’osaient pas sévir et se faire respecter. Les soldats et officiers étaient stupéfaits  de la quantité de vivres que les habitants avaient et disaient ouvertement qu’on les avait trompés en disant que les Français mourraient de faim !

Trigny a été livré au pillage durant 3 jours (28, 29 et 30 mai 1918), le 28 juillet on expédia les habitants jusqu’à Rocquigny (dans les Ardennes, au nord de Rethel). Ils ont beaucoup soufferts… Le curé de Trigny a sauvé ses cloches en coupant les cordes ! et les allemands les oublièrent, mais par contre ils raflèrent tous les cuivres. Dans la maison Mareschal il n’y a plus un robinet ni une poignée de porte. Toutes les rues sont désignées sous des noms allemands. Kirchstrasse, Brunnenplatz, Weinstrasse (la rue des Mareschal) etc…

Nous avons quitté Trigny à 3h et nous sommes passés  par Chenay, Merfy, St Thierry, La Neuvillette, rasés à raz du sol !… Et repris le train à 5h à Reims. Rentré à Épernay à 6h.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

 Cardinal Luçon

Vendredi 17 – Visite aux Trois-Fontaines

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

 Vendredi 17 janvier

La Conférence de la paix a tenu une nouvelle réunion pour fixer le nombre de voix qui serait attribué à chaque puissance. Il a été établi que le Montenegro serait représenté par un délégué, mais les règlements concernant la désignation de ce délégué ne seront fixés qu’au moment où la situation politique de ce pays aura été éclaircie.
Deux principes généraux ont été adoptés. Chaque délégation forme un tout indivisible. Le nombre des délégués est sans influence sur la position, à la Conférence, des Etats représentés.
La faculté de remplacement est admise dans chaque délégation. Cette faculté permettra à chaque Etat de confier à son gré la défense de ses intérêts aux différentes personnalités qu’il aura choisies.
Le gouvernement luxembourgeois a notifié à la France l’accession au trône de la grande-duchesse Charlotte en faveur de laquelle a abdiqué la grande-duchesse Adélaïde.
Par suite de la démission de M. Nitti, et les autres ministres ayant démissionné collectivement, M.Orlando reconstitue l’ensemble de son cabinet.
La guerre de rues continue à Berlin, bien que moins violente.
L’état de siège a été proclamé dans la République Argentine.
MM. Bratiano et Sasonof sont arrivés à Paris.

Source : La Grande Guerre au jour le jour

Montenegro