Louis Guédet

Samedi 14 décembre 1918

1555ème et 1553ème jours

8h matin  Temps nuageux clair, excessivement doux, vent d’Ouest. Nuit d’insomnie ! Je suis plus fatigué qu’avant de me coucher ! Quelle vie misérable !! Et quand je songe à ce que mes pauvres femme et enfants vont devenir ! deviendront ! C’est à désespérer de tout ! même d’un peu de justice et d’équité dans la vie ! Je puis dire que la mienne, surtout depuis 30 ans, n’a été qu’entassée de souffrances, d’angoisses, de misères, de soucis, de martyre !… Rien d’autre et pas une seconde de joie et d’espoir.

3h soir  Assez de courrier, rien de saillant ni d’intéressant. Jean nous écrit qu’il arrivera cette semaine prochaine. Robert nous écrit qu’il est près de Landau, au bord du Rhin où ils dressent leurs batteries ! Il se demande pourquoi ! Il est vrai que la Paix n’est pas encore signée !

Après tout qu’il arrive qui plante ! Pour ce que cela changera ma misère !… Pourvu que mes 2 grands en reviennent indemnes ! Le reste m’importe peu ! Ce n’est pas encore moi qui profiterai de la victoire et…  de ses gains ! Hélas ! non ! Les ruines sont bien assez pour moi, pauvre paria !…

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

 Cardinal Luçon

 Samedi 14 – Funérailles du Card. Tonti. Dîné chez le Card. Gasquet. Visite au Card. Pruhwith. Déposé carte au Palais Farnèse pour Madame Barrère, M. Charles Roux, M. Rozier. Visite à M. Raffray, à Mgr Douteuwille, à M. La Perrine d’Hautpoul, au Cardinal Giustini.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Samedi 14 décembre

M. Wilson est arrivé à Brest, où il a été reçu par plusieurs ministres et par la municipalité. L’accueil populaire a été très chaleureux. La flotte américaine, sous les ordres de l’amiral Sims, avait pris la mer pour aller à la rencontre du président.
Sur le front de la 3e armée américaine, aucune avance nouvelle ne s’est produite. Le secteur d’occupation a été rétréci et s’étend maintenant le long de la rive ouest du Rhin, de Rolandseck à Brey.
La commission navale anglaise de l’armistice à Wilhelmshafen a menacé de rompre les négociations si certaines clauses ne sont pas plus fidèlement exécutées.
Les plénipotentiaires des Alliés et ceux de l’Allemagne se sont rencontrés à Trèves pour discuter au sujet de la prolongation de l’armistice.
Une seconde note américaine à l’Allemagne et à l’Autriche dit que ce n’est pas au cabinet de Washington mais à tous les gouvernements associés que les demandes ou les plaintes doivent être adressées.
A Berlin, le groupe Spartacus annonce la grève générale. Des perquisitions ont eu lieu dans les locaux du groupe.
Les troupes françaises sont arrivées à Budapest.
Une délégation liégeoise est partie pour Paris afin d’inviter MM. Poincaré, Clemenceau, le maréchal Foch et le président Wilson à venir visiter Liège.
Les polémiques au sujet de l’internement de Guillaume II continuent en Hollande. L’ex-kaiser va déménager.
Lord Grey a prononcé un discours pour exposer son interprétation au principe de la liberté des mers.

Source : La Grande Guerre au jour le jour

Arrivée de M. Wilson à Brest [le président des États-Unis à bord du Georges Washington dans la rade de Brest le 13 décembre 1918] : [photographie de presse] / [Agence Rol]