Louis Guédet

Dimanche 3 novembre 1918

1514ème et 1512ème jours

Portrait d’Henriette Caillaux

Temps assez beau, pas de pluie, fort doux. Messe. J’ai fini mon courrier en retard. Je suis de plus en plus sombre, de plus en plus triste. L’avenir m’effraie ! Tandis que tout est à la Victoire, à la Paix. L’Autriche, la Turquie déposent les armes. C’est la fin. On parle de l’abdication de ce bandit de Guillaume, on ne le pendra donc pas ?… Non, je suis bien découragé.

J’organise mes convocations pour le 27… Je dois aller à Aÿ mardi pour recevoir un acte pour Lefebvre. J’en profiterai pour voir ne serait-ce qu’une seconde le Procureur pour savoir ce que je dois faire.

A Paris je n’ai pu voir M. Leroux, ni M. Lescouvé qui ce jour-là, le 29, lisait son rapport au Sénat dans l’affaire Caillaux, qui aboutit à un supplément d’enquête, pour mener cette affaire jusqu’après la Paix. Car si on l’acquittait maintenant ce serait la chute de Clemenceau, ce qu’il ne faut pas à tout prix, et si on le condamnait, ce serait peut-être des troubles à Paris. Alors on traîne l’affaire. Vu au Parquet général Godfroid, charmant, Herbaux à la Cour de Cassation où nous causons longuement.

Mais toute cette sympathie ne me réconforte nullement. Je ne sais que faire, je suis découragé et puis rien, personne pour me remonter un peu, si seulement j’avais un ou 2 clercs pour me soulager, je pourrais travailler un peu à mon Étude et me réorganiser… Non… C’est l’abandon, la débâcle pour moi. (Rayé).

En savoir plus sur l’affaire Caillaux sur Wikipedia

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

 Cardinal Luçon

Dimanche 3 – Visite du Général Le Galtet, commandant la 16e Divi­sion, et de son aumônier, proposant un service pour le 6 novembre.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Dimanche 3 novembre

Les troupes de la 4e armée (Gouraud), en liaison avec l’armée américaine, ont attaqué sur le front de l’Aisne, au nord et au sud de Vouziers.
Sur une étendue de vingt kilomètres, de l’est d’Attigny au nord d’Olizy, nous avons pénétré dans les positions allemandes, fortement tenues.
A l’est d’Attigny, nous avons enlevé Rilly-aux-Oies. Plus au sud, nos troupes frauchissant l’Aisne, ont emporté Semuy et Voncq.
Les Américains ont occupé Saint-Georges-Landres, Saint-Georges, Imécourt, Landreville Chennery, Bayonville, Rémoiville, Andeville, Cléry-le-Grand. 3600 prisonniers ont été faits, dont 151 officiers.
Les Anglo-Belges ont bousculé l’ennemi sur l’Escaut, jusqu’à la hauteur de Melden, prenant Amfeghem, Tieghem, Carder et Elfeghem.
Au centre de ce front, les Franco-Américains ont enlevé les hanteurs entre Lys et Escaut, et poussé jusqu’au fleuve, sur une largeur de 16 kilomètres, conquérant dix-neuf villages.
Les Italiens ont communiqué aux Autrichiens, qui les avaient saisis d’une proposition d’armistice, les conditions des Alliés. Ils ont progressé sur toute la ligne entre les Alpes et l’Adriatique et se sont emparés d’un énorme butin.

Source : La Grande Guerre au jour le jour