Louis Guédet

Mercredi 21 août 1918

1440ème et 1438ème jours de bataille et de bombardement

3h soir  Temps splendide, chaleur torride. Peu de courrier. Lettre du Président Bouvier qui me remercie de mes félicitations et me suggère par ce qu’il me dit l’idée de lui dire qu’étant donné que tant qu’Épernay sera sous le canon ennemi il ne faut pas songer à rendre habitable, même provisoirement, leur Tribunal. Ils devraient venir tenir leurs audiences à Vitry-le-François. De Sézanne où ils sont campés ils n’ont pas plus loin pour venir à Vitry que pour aller à Épernay, et même à Vitry ils disposeraient de plus de temps. Quant aux justiciables de Paris, c’est une heure d’express de plus, arrivés le matin vers 11h ils ont leur retour assuré pour Paris à 6h à Vitry et sont à Paris à 10h du soir. En résumé nous serions tous sécurisés et tout le monde y trouverait son compte, au lieu d’être dispersés comme nous le sommes. D’un autre côté je presse Raux de relancer ses Grands Chefs pour arriver à tenir mes audiences de réquisitions à Vitry-le-François le plus tôt possible.

Pas de nouvelles de Jean… Robert et André sont partis se baigner dans la Marne, il fait tellement chaud ! l’eau doit être tiède… Je vais peut-être aller faire un tour à bicyclette avec Maurice.

6h soir  Été à Songy porter mon courrier et des chaussures à réparer. Communiqué où on signale une avance vers Vézaponin au-delà de Soissons. Forest, la ferme de Georges Lemoine, parent de ma femme, va être libéré encore pour la 2d fois ! Cette ferme est à 2 kilomètres de ce village et de Morsain. Je souhaite qu’il retrouve les récoltes qu’il avait ensemencées cette année avant l’attaque de mars dernier. Rien d’autre.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Mercredi 21 – Visite de M. Ambroise Rendu. Visite au Général Berthelot35, non rencontre ; au Sous-préfet, au Maire, à l’Adjoint. Le Maire me dit qu’il me fera donner tout ce que je demanderai: lait, sucre…

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

 Mercredi 21 août

Bombardements réciproques dans la région de Lassigny et de Dreslincourt.
Entre Oise et Aisne, nous avons occupé le village de Vassens, au nord-ouest de Morsain.
Un coup de main ennemi, à l’ouest de Maisons-de-Champagne, n’a pas obtenu de résultat.
Les Allemands ont lancé une violente attaque contre les positions anglaises, entre Lihons et Herleville. Ils avaient pénétré dans les lignes sur deux points, quand ils ont été rejetés par une contre-attaque. I1s ont subi de fortes pertes.
Dans le secteur de Merville, nos alliés ont progressé sur un front de neuf kilomètres. Ils ont pénétré dans Merville.
Le total des prisonniers qu’ils ont capturés aux environs d’Outtersteene dépasse 750. Ils sont, de ce côté, au voisinage du chemin de Vieux-Berquin à Outtersteene.
Quatre tentatives ennemies ont été repoussées, au nord-est de Chilly.
Les patrouilles anglaises ont fait des raids heureux entre la Lawe et la Lys et sont arrivées à l’est du chemin de Paradis à Merville.
Les aviateurs alliés ont abattu trois avions allemands et incendié un ballon captif. Ils ont jeté huit tonnes de projectiles sur les bivouacs de la région de Berry-au-Bac et de Guignicourt, les gares de Mézières et de Chatelet.
Les Italiens ont repoussé une violente attaque des Austro-Hongrois sur le Sasso Rosso. Cette attaque avait été précédée de tirs d’artillerie. La lutte s’est déployée corps à corps. L’ennemi a subi de graves pertes et laissé des prisonniers.
D’autres tentatives ennemies au col del Rosso ont été enrayées par les feux d’artillerie.
Des patrouilles britanniques ont capturé des prisonniers au plateau d’Asiago. Canonnade du val Laguna au val d’Astico.
L’aviation britannique opère près de Sérès en Macédoine.

Source : La Grande Guerre au jour le jour