Louis Guédet

Vendredi 14 juin 1918

1372ème et 1370ème jours de bataille et de bombardement

6h soir  Temps très beau, très chaud, du vent, du canon. Bonnes nouvelles de Jean, qui est au calme. Je décide de partir à Paris lundi matin par Vitry-le-François, Troyes, Coulommiers. Nouvelles de Bruneteau, voilà donc tous mes confrères sauvés, mais il l’a échappé belle, durant le déménagement de ses archives deux obus sont tombés sur sa maison et 2 avions l’ont mitraillé quand le camion filait. Enfin il est sauf. Certes il m’a donné bien de l’inquiétude. J’en ai prévenu le Procureur de la République.

Été à Vitry-la-Ville pour me renseigner sur les trains. Je pars à 10h et ai ma correspondance à Vitry-le-François pour Troyes. Je dois arriver à Paris vers 3h. Je suis revenu brisé de fatigue, mes forces diminuent peu à peu. Tout m’est fatigue et puis je suis tellement découragé que j’aime mieux la mort que cette triste existence. C’est trop cruel.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Vendredi 14 – Écrit sous la date du 13 à M. René Bazin, pour le remercier et féliciter d’un article paru dans les « Nouvelles Religieuses » pour presser le Gouvernement de prendre part aux prières. On m’avait dit que je lui ferais plaisir en lui écrivant. Visite d’un lieutenant qui m’annonce une visite du Général Commandant l’Artillerie. Réponse du Président de la R. à ma lettre sur les prières publiques : « II l’a transmise au Président du Con­seil » M. Clemenceau, à qui il appartient de décider.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173


Vendredi 14 juin

Nouvelles attaques ennemies entre Montdidier et l’Oise. A notre gauche, elles ont partout échoué. Nous avons progressé dans la région du bois de Belloy et de Saint-Maur, fait 400 prisonniers nouveaux, capturé plusieurs canons et de nombreuses mitrailleuses.
A notre droite, les Allemands avaient repris leurs attaques sur le Matz. Après plusieurs tentatives, ils avaient pris pied sur la rive sud dans le village de Melicocq et sur les hauteurs de la Croix-Ricard. Mais des contre-attaques nous ont permis de ressaisir ces positions et de rejeter l’ennemi sur la rive nord du Matz, en capturant une centaine de prisonniers et des mitrailleuses.
A l’est de l’Oise, les troupes françaises ont effectué leur repli sur la ligne Bailly-Tracy-le-Val-ouest de Nampcel sous la protection de détachements de couverture. Dans la région de Haute-Braye, nous avons repoussé une attaque ennemie et fait des prisonniers.
Au sud de l’Aisne, violents combats. L’ennemi a pris pied à Dommiers, Cutry, puis à l’ouest de ces villages et à l’est de Laversine, dans Coeuvres et Saint-Pierre-Aigle.
Au nord de la Marne, nous avons enlevé Montécourt, les boqueteaux d’Eloup et la partie sud de Bussiares.
Une violente attaque allemande sur le front Bouresches-bois de Belleau, a été brisée par le Américains.

Source : La Grande Guerre au jour le jour