Louise Dény Pierson

26 mai 1918

Mais il était dit que la guerre toucherait encore la famille, fin mai, une ambulance débarquait chez nous à Malakoff, mes grands-parents de Vrigny.
Une attaque allemande avait crevé le front du Chemin des Dames, dans un secteur tenu par une division anglaise qui fut totalement détruite. Les allemands se ruèrent dans la brèche et le lendemain ils entraient dans Vrigny mettant le feu méthodiquement à toutes les maisons. Une contre attaque française dégageait momentanément le village permettant aux habitants de quitter leur cachette et de s’enfuir vers Sainte-Euphraise et Ville-en-Tardenois. Mon grand père, impotent, fut sorti de sa cave sur un brancart et allongé dans une ambulance militaire.
Toutes les maisons de Vrigny furent détruites et c’est ainsi que notre mobilier fut anéanti. S’il était resté à Reims nous l’aurions retrouvé en entier à notre retour. Mais qui aurait pu prévoir ces évènements ?

Note : photo inédite des combats entre Laon et Reims
Ce texte a été publié dans L'Union L'Ardennais, en accord avec la petite fille de Louise Dény Pierson, ainsi que sur une page Facebook dédiée voir : https://www.facebook.com/louisedenypierson/

Louis Guédet

Dimanche 26 mai 1918

1353ème et 1351ème jours de bataille et de bombardement

6h soir  Beau temps lourd. Messe à 9h, quelques soldats et officiers. Courrier chargé, travaillé jusqu’à présent. Pas sorti. Je suis de plus en plus triste en songeant à l’avenir. Je ne vois luire aucun espoir, aucune solution à ma triste situation. Je suis au milieu de ruines sans nombre, et ne vois pas qu’il en puisse sortir quoique ce soit. Avoir fait son devoir, tout son devoir, plus que son devoir même et arriver à cela.

Le bas de la page a été découpé.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Dimanche 26 – Confirmation donnée par moi à Cumières. Visite au Général Ders. Retour de Paris de Mgr Neveux. On entend de violentes bordées de canons au loin, du cote de Reims et de Berry-au-Bac, St-Thierry(1). Retrouve ma Croix de la Légion d’Honneur que j’avais laissée à la maison, ainsi que la Croix russe de Saint Georges restées dans mon secrétaire

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
1 – Ce sont les prémices de l’attaque allemande qui se déclenchera le lendemain sur le Chemin de Dames devant la VIe Armée du général Duchêne


Dimanche 26 mai

Nous avons repoussé deux coups de main ennemis, l’un au sud du bois de Hangard, et l’autre au sud des Vosges.
Nos détachements et nos patrouilles ont réussi diverses inclusions dans les lignes ennemies, à l’ouest de Noyon, vers Appilly et en Woëvre. Nous avons fait un certain nombre de prisonniers.
Les troupes britanniques ont fait irruption dans les tranchées allemandes du voisinage de Hamel, au nord d’Albert, et capturé plus de quarante prisonniers et deux mitrailleuses.
Un coup de main heureux au nord de Lens a valu à nos alliés quelques prisonniers. Le bombardement par obus a gaz a été intense a l’est de Béthune.
Activité d’artillerie dans le secteur de Strazeele.
Les avions anglais ont jeté huit tonnes de projectiles sur les aérodromes voisins, de Tournai, d’où partent les appareils de bombardement de nuit. Trois appareils ennemis ont été abattus en combats aériens et deux autres forcés d’atterrir désemparés.
Sept tonnes d’explosifs ont été lancées dans la région de Péronne, Fricourt et Bapaume et sur des baraquements de la Somme. Une tonne a été jetée sur le chemin de fer et les fabriques de Hagondange.
Un Croiseur auxiliaire anglais, le Moldovia a été torpillé. Cinquante-six Américains qui étaient à bord ont péri.

Source : La Grande Guerre au jour le jour