Louis Guédet

Jeudi 14 février 1918                                   

1252ème et 1250ème jours de bataille et de bombardement

11h1/2 matin  Pluie toute la nuit, beau temps maintenant. Travaillé à un bordereau, rangé et organisé mon bureau et mes dossiers ici. Quand je viendrai je pourrai suivre mes affaires.

5h soir  Eté cet après-midi avec Mimi (Maurice) voir dans les bois des Crétons un peuplier d’un de nos bois abattu par l’Armée. Il mesurait au moins 23 mètres de hauteur de tronc, puis de là, tout en jasant le Mimi m’a conduit dans les champs, le long du finage de Saint Martin et de Cheppes jusqu’au toit des trains de train où les troupes en cantonnement ont fait des tranchées d’exercices. Puis nous sommes revenus par le sommet des côtes à travers champs. Vu quantité de perdreaux déjà accouplés. La chasse !!… Que tout cela est loin !! Mes chers fusils !! brisés, volés par les allemands, et tous mes compagnons de chasse !! Combien aussi de disparus !! Que tout cela est loin, loin…  loin !!!

Rechasserai-je jamais ??!

Lettre de Robert qui annonce à sa mère qu’il est près de Jean, affecté à la 1e pièce, 2e Bie (batterie) et vient de se faire inscrire pour Fontainebleau. Il a retrouvé là le lieutenant Chenet qui l’aimait beaucoup. J’en suis heureux pour ces enfants.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

14 février 1918 – Réveil, à 5 h 3/4, par des sifflements continuels. Bombarde­ment violent, qui commence sur le quartier Fléchambault pour continuer sur le centre.

Obus rue Colbert (à « la Glaneuse »), aux halles, rue du Ca­dran-Saint-Pierre, rue de l’Arbalète (aux Galeries Rémoises), boule­vard Lundy, etc.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos


Cardinal Luçon

Jeudi 14 – + 7°. Temps couvert, puis soleil. Nuit avait été tranquille jusqu’à 5 h. 30 ou 5 h. 45. Alors violent bombardement allemand sur nos batteries du jardin Lorrain, jusque vers 6 h. 1/2. Vers 6 h. 45 canons français ripostent, mais faiblement, mollement. 5 obus à l’Enfant-Jésus. 8 h. 30 bombes allemandes sur batteries assez rapprochées. Au loin, canonnade française ? allemande ? Sur boulevard de la Paix – bombes rue Colbert. Une personne tuée dans son lit place St-Timothée, une femme blessée. Visite de M. le Curé de Gueux et d’un Capitaine cantonné à Gueux. Visite de M. le Curé de Saint-Antoine de Paris, avec M. Paulot (M. Fontaine). Départ de Mgr Neveux pour Paris.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Jeudi 14 février

Assez grande activité d’artillerie dans la région de Pinon et au nord-ouest de Reims.
Nous avons réussi plusieurs coups de main à l’est d’Auberive et dans les Vosges et ramené des prisonniers.
En Champagne, après une courte préparation d’artillerie, nous avons exécuté un large coup de main dans la région au sud-ouest de la butte du Mesnil. Sur un front de 1200 mètres environ, nos détachements ont pénétré dans la position allemande jusqu’à la troisième ligne, bouleversé les défenses de l’ennemi et détruit de nombreux abris. Le nombre des prisonniers que nous avons faits dépasse une centaine.
A l’est d’Emberménil, une tentative ennemie sur un de nos petits postes est restée sans succès.
Nancy a été bombardée par des avions. Il y a trois morts et cinq blessés dans la population civile.
Du 1er au 10, nos pilotes ont abattu vingt-huit avions allemands.
Les Anglais ont réussi un coup de main au sud-est d’Hargicourt et ramené onze prisonniers.
Combats heureux de patrouilles près de Lens.
En Macédoine, actions d’artillerie à l’embouchure de la Strouma, à l’ouest de Doiran et au nord de Monastir.
Les Italiens ont dispersé des patrouilles en marche dans le val Lagarina et fait des prisonniers au col Caprile.

Source : La Grande Guerre au jour le jour