Louis Guédet

Lundi 13 septembre 1915

366ème et 364ème jours de bataille et de bombardement

6h1/2 soir  Nuit assez agitée, réveillé à 11h par des obus, à minuit je trouve qu’il est prudent de descendre tout au moins au rez-de-chaussée. A minuit 1/2 plus rien, nous remontons nous coucher. Le matin je travaille un peu, à 11h je vais faire quelques courses, déjeuné aux Galeries (Rémoises) avec M. Lorin, Curt, (non mentionné, en blanc), Mesdemoiselles Lemoine, Claire et Chalonnat, causé de choses et d’autres, reparti à l’Hôtel de Ville pour voir aux allocations avec M.M. Charlier et Caron. Eux aussi commencent à se fatiguer, toujours en lutte avec M. Beauvais. Curt a pris la question en mains. Rencontré M. Lelarge toujours allant et très aimablement me disant : moi j’ai un chez moi, ce n’est pas comme vous et je comprends que je supporte cette vie plus facilement, et cependant je ne me suis pas plaint à lui. Mais il a du cœur et il le ressent.

Rentré à la maison, écrit un peu, visite de mon confrère Maitre Dondaine, notaire à Beine, qui fait ici fonction d’avoué et est de plus mon commis greffier pour les 2ème et 4ème cantons de Reims. Il s’ennuie aussi, il a cependant sa femme et son enfant près de lui, et il se tourmente beaucoup sur ce qu’il retrouvera à Beine si les allemands y laissent quelque chose !!?? Il abonde aussi dans mon sens en disant que nous nous attirons de haines formidables en étant resté à notre poste, cela ne nous sera pas pardonné. Cela se sent, me disait-il, et cependant…   ces pleutres là auraient dû…  faire comme nous. Rester et faire leur devoir.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

 Cardinal Luçon

Lundi 13 – Nuit tranquille, canonnade comme les nuits précédentes. Bombes sifflantes vers minuit. A 9 h. 50, bombes sèches(1). Visite de M. l’abbé Abelé (?).

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

(1) Sans doute faut-il entendre par « bombes sèches » des obus à tir tendu non accompagnés de phénomène sonore. Ces projectiles pourraient provenir d’artillerie lourde sur voie ferrée de construction de circonstance.


Lundi 13 septembre

Combats incessants d’artillerie en Artois, autour de Neuville spécialement, au sud de la Scarpe, dans la région de Roye, au nord de l’Aisne, sur les plateaux entre Paissy et Craonnelle. Sur ce dernier secteur, l’artillerie allemande a tonné avec violence, en usant de ses canons de tous calibres et nous avons répondu par des tirs efficaces sur les tranchées et les batteries ennemies.
Des rencontres de patrouilles ont eu lieu près de Roye, à Andéchy. Une tentative ennemie contre notre poste avancé de Sapigneul a été, comme les précédentes, repoussée.
Canonnade en Champagne (Auberive,Saint-Hilaire); entre Meuse et Moselle, dans le bois de Mortmare; sur le front de Lorraine, près de Nomény et de Xousse, ainsi que dans la région du Ban-de-Sapt.
Le calme règne aux Dardanelles. Les Turcs ont ouvert des feux violents d’artillerie et d’infanterie, mais sans sortir de leurs tranchées dans la zone nord. Dans la zone sud, nos mortiers de tranchées ont infligé des pertes sensibles à l’ennemi.
Les Russes semblent dominer la situation dans la plupart des secteurs du front et ils ont continué à faire des prisonniers en grand nombre.
Le gouvernement allemand dément officiellement que Tirpitz soit en disgrâce.
Un nouveau raid de zeppelins a eu lieu sur la côte orientale de l’Angleterre, mais il n’a causé ni pertes de vies, ni dommages matér
iels.

Source : La Grande Guerre au jour le jour


 

ob_03999b_craonnelle