Abbé Rémi Thinot

19 NOVEMBRE – jeudi –

7 heures soir ; Je l’ai échappé belle tout à 1’heure paraît-il ! On voulait me tirer dessus depuis les rues voisines de la cathédrale ! J’étais un espion en train de photographier ; de fait, je n’ai pas été prudent. Voyant une brume épaisse du côté de Brimont, je me suis avancé sur le mur de la galerie, au niveau des voûtes. Et comme les gens sont très excités, très énervés, d’en bas, on m’a maudit, dénoncé à la police. Un commissaire est arrivé chez M. le Curé, qui m’a couvert. Le général commandant la Place va transmettre une observation demain très probablement.

Autre chose… J’ai découvert un obus de « 150 » non éclaté sur les voûtes. Ce sont des oiseaux à n’approcher qu’avec respect et à ne toucher que de loin ; de tragiques leçons ont été données ces jours-ci à des imprudents.

Extrait des notes de guerre de l'abbé Rémi Thinot. [1874-1915] tapuscrit de 194 pages prêté à ReimsAvant en 2017 pour numérisation et diffusion par Gilles Carré.

Paul Hess

Nuit très calme.

– Ce jour, à 7 h, mon beau-père, M. Simon-Gardan, fatigué par plus de deux mois de bombardements ininterrompus, quitte Reims à regret, pour se rendre à Paris.

– A partir d’aujourd’hui, les voyageurs doivent aller prendre le CBR à Bezannes.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

ob_90e37e_bezanne-gare

Cardinal Luçon

Jeudi 19 – Matinée tranquille. Visite à la Maison de Retraite et à l’église Saint-Remi, où la chapelle absidiale, du S. Sacrement et de la Sainte Vierge a eu sa voûte enfoncée par une bombe. nuit tranquille en ville.

Lettre de l’Archevêque anglican de Capetown (Cap de Bo

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux de l’Académie Nationale de Reims

Paul Dupuy

19- Pas de trouble-sommeil pendant la nuit écoulée.

8H Lettre d’Henri (16 9bre) signalant l’humidité et le froid qui règnent à Limoges, et carte de Marcel (12 9bre) accusant réception de mes pages des 22 et 28 8bre, et de l’envoi chocolat du 3 9bre ; sa santé est bonne.

12H La journée d’hier, notée ci-dessus comme calme, a été au dire de Mme Jacquesson, angoissante à l’excès pour l’extrémité du faubourg Cérès, qui a reçu quantité d’obus de bataille. Ils étaient destinés, sans doute, à nos batteries établies en avant, mais beaucoup s’égaraient en ville, ce qui a forcé notre amie à passer en cave une grande partie de la journée.

Elle nous apporte des œufs que Mme Legros lui a dit d’enlever de chez elle, et nous les partageons fraternellement, mais l’usage qu’on essaie d’en faire dès le soir révèle qu’ils ne sont plus bons.

Paul Dupuy - Document familial issu de la famille Dupuis-Pérardel-Lescaillon. Marie-Thérèse Pérardel, femme d'André Pérardel, est la fille de Paul Dupuis. Ce témoignage concerne la période du 1er septembre au 21 novembre 1914.

Source : site de la Ville de Reims, archives municipales et communautaires


Eugène Chausson

19 – Forte gelée, temps gris. Le canon se repose dans doute un peu car jusqu’à 2 h 1/2, heure à laquelle j’écris ces lignes, on n’entend que rarement le canon.

Les jours se suivent et se ressemblent car c’est toujours à peu près la même chose, plus ou moins fort.

Enfin la fin viendra peut-être un jour, oui, pas encore cependant comme on a pu le constater par la suite. MM. Hiennet (illisible) et de Tassigny qui avaient été pris comme otages par suite de la disparition des deux officiers allemands disparus le 4 septembre (voir à cette date) sont de retour à Reims.(l’Éclaireur du 19 septembre 1914).

Comme toujours, la nuit, canonnade et obus. Un obus français tombe sur un magasin de munitions allemand aux abords de Reims et l’ayant fait sauter, leur fureur (illisible) donc que la ville qui immédiatement reçut quelques bombes. (Courrier de la Champagne du 20 novembre)

Carnet d'Eugène Chausson durant la guerre de 1914-1918

Lien :  12 septembre 1914: Les Allemands désignent 81 otages rémois « qui seront pendus à la moindre tentative de désordre »