Par Hervé Paul

La Première Guerre mondiale, la Grande Guerre, familièrement appelée dans ma jeunesse  » la Guerre 14-18 « , est cette hécatombe où l’Europe s’est abimée dans un suicide sans précédent. Quelle famille n’a pas été touchée au cœur tout au long de ces quatre années meurtrières ?
Les commémorations du centenaire de cet événement majeur du XXe siècle encore balbutiant m’incitent à honorer à ma façon la mémoire de mon grand-oncle Jean Loilier, disparu le 15 août 1918, âgé d’à peine 26 ans. Je revois dans le couloir de l’appartement de mes grands-parents les souvenirs évoquant le jeune disparu, sa photo, la croix de guerre, le diplôme posthume, soigneusement encadrés. Voici un aperçu de l’histoire de la famille Loilier, bousculée comme des milliers d’autres lors de ces quatre années.

Les Loilier sont une famille rémoise dont la réussite est récente. Le père, Charles, né en 1854, est un fils de petit paysan des Ardennes champenoises (Banogne-Recouvrance) qui a fait des études classiques à Liesse, puis au lycée Rosat de Charleville où il passe son baccalauréat avec succès. Il débute dans le commerce des laines et sa réussite lui permet de devenir propriétaire d’un magasin.

Il se retrouve à la tête d’un marché de ventes publiques de laines rue du Levant et devient courtier assermenté en laines auprès du tribunal de Reims. La prospérité dans ses affaires lui permet d’acquérir la ferme de Bellevue à Neufchâtel-sur-Aisne et des propriétés à Menneville et Reims. Veuf en premières noces de Mathilde Bréart native de Menneville, il épouse en secondes noces Octavie Delpoux qui a quitté son Aveyron natal comme beaucoup d’Aveyronnais à l’époque, et qu’il a connue à Reims. Deux garçons naissent de leur union, Pierre en 1891 et Jean l’année suivante. Ils font leurs études au lycée de la ville

Brassard de commissaire adjoint de la semaine d’aviation de 1910 de jean Loilier. Archive familiale en dépôt au musée de l’aéronautique locale à Bétheny.

À Reims, berceau de l’aviation, se tiennent en juillet 1909 et 1910 deux grandes semaines d’aviation où les meilleurs pilotes d’aéroplanes du monde concourent. Les deux jeunes hommes sont séduits par ces machines volantes qui les font rêver et qu’ils espèrent piloter un jour, surtout Jean.

Pierre, de la classe 1911, est incorporé au 132e Régiment d’Infanterie le 9 octobre 1912, 8e compagnie, il est promu caporal le 7 novembre 1913. Sou- vent au camp de Châlons, il écrit de nombreuses cartes postales.

Ci-dessus, cartes postales du camp de Châlons envoyées par Pierre à sa famille.

Jean, de la classe 1912, rejoint l’année suivante le 132 R. I., mais engagé volontaire pour 3 ans le 19 mars 1913, il incorpore le 2 groupe d’aéronautique comme soldat de 2 classe. Promu caporal le 16 décembre suivant, il rejoint le 2 Groupe d’Aviation le 1er janvier 1914, puis est promu sergent le 23 novembre 1914.

Lors de la déclaration de guerre, Pierre suit les mouvements du 132 régiment d’infanterie jusqu’à la retraite en Bretagne, où il est affecté au service auxiliaire à Chatelaudren dans les Côtes du Nord jusqu’à la fin de 1915.

Les magasins à laines de Charles, impasse du Levant, sont détruits le même jour que l’incendie de la cathédrale, ce que montre la carte postale ci-dessous. Il écrit à un cousin possédant des titres de sa Société : « Une partie de la comptabilité a été détruite pendant l’incendie de nos magasins, le principal a été sauvé… Les affaires de la Société ayant été presque nulles depuis la guerre et menacées de l’être complètement par suite de la réquisition des cuirs & des laines par l’Intendance, nous ne dresserons le bilan qu’à la fin des hostilités et je crains que malheureusement il n’y ait pas grand-chose à toucher comme intérêts. »

Les nombreux courriers échangés pendant le conflit permettent de suivre les mouvements de chacun des deux frères et de leur père chargé par le ministère de la Guerre de réquisitionner laines et cuirs dans de nombreux départements français, surtout de l’ouest de la France. Leurs courriers évoquent régulièrement leur espoir d’une fin rapide et victorieuse du conflit et leurs craintes de voir leur ville de Reims à la portée des canons allemands progressivement anéantie. On s’écrit souvent, au moyen de la correspondance militaire.

Du 18 décembre 1915 au 29 mai 1916, Pierre est caporal à la 2e compagnie d’ouvriers d’aviation au 2e groupe d’aviation de Saint-Cyr L’école, puis de novembre à décembre 1916.

Dans un courrier du 11 mars 1916, Charles donne des nouvelles de la famille à un cousin : «Depuis notre dernière entrevue à Soissons le 30 août 1914, ma famille et moi, nous avons habité pendant un an à Chatelaudren en Bretagne où mon fils aîné se trouvait avec le dépôt de son régiment. Ayant été versé depuis dans les convois de ravitaillement, puis en dernier lieu dans l’aviation à St-Cyr, nous sommes venus nous installer à Paris où je suis employé comme auxiliaire de l’administration des laines et des cuirs réquisitionnés. Mon second fils est également dans l’aviation et n’a pas quitté le front depuis le premier jour de la guerre. Il est en bonne santé comme son frère. J’ai pu aller le voir la semaine dernière dans le village où il est cantonné, j’y étais appelé par les affaires que je fais pour l’Intendance. Depuis juillet 1915, je suis allé 4 fois à Reims, notre pauvre ville est bien changée ! Quelle tristesse ! Mon appartement est encore debout, je n’ai reçu que des éclats d’obus, mes voisins ont eu les bombes… Je serai très heureux de vous rencontrer, si vous avez l’occasion de passer le métro « Saint-Marcel » est à 2 minutes de la maison dans mon quartier, venez nous dire bonjour, » (34 bis bd Saint-Marcel, Paris V ).

Pour se rendre à Reims et autres villes à proximité du front, Charles doit faire une demande à chaque fois par lettre au général commandant la 5e Armée, à l’adresse En campagne, de bien e vouloir lui renouveler l’autorisation de se rendre « à Fismes, Jonchery, Gueux, Thillois, Pargny et Reims, aller et retour en chemin de fer et en voiture attelée pour les besoins du service de la réquisition dont je suis chargé par l’Intendance… Inclus ma précédente autorisation. » Sa lettre du 8 avril 1916 à sa cousine Juliette Degodet est révélatrice de l’état d’esprit en France : « La bataille de Verdun ne semble pas devoir finir de sitôt… Cette guerre est vraiment trop meurtrière et trop longue. Heureusement, nous avons tous appris à être patients et à ne pas dés- espérer. Plus que jamais, nous devons croire à la victoire définitive pour cet été… ».

Avion de chasse, Nieuport 11 « Bébé », 1916.

À une cousine souffrant de problèmes de santé, Charles écrit le 24 mai 1916 : « Nous regrettons bien que ta santé ne soit pas meilleure, que veux-tu, il faut bien supporter ce qu’on ne peut empêcher. Nous sommes tous soumis à plus ou moins de misères physiques et morales, c’est le lot de la plupart, il faut donc se tremper à tout cela et les surmonter de son mieux. Nous aussi, nous sommes assez patraques sans être cependant jamais arrêtés, et en plus on a toujours devant soi l’ennui de cette guerre interminable, les enfants sur le qui-vive, sans certitude du lendemain, les situations détruites, enfin tout à refaire et à recommencer en supposant que nous en sortions tous indemnes. Le tableau est loin d’être beau, et je t’assure qu’il ne faut pas manquer d’énergie et de patience pour y résister… Je préparerai sans doute une nouvelle affaire à Paris, ne pouvant plus compter sur Reims qui finira par être détruit complètement. J’y suis retourné 3 fois depuis 7bre dernier, c’est une ville morte à part un seul quartier (les abattoirs et le fg de Paris), partout ailleurs les quelques personnes que l’on rencontre ont l’air d’ombres errantes, on se regarde en passant comme des malfaiteurs. J’ai encore pu enlever quelques bibelots auxquels nous tenions et je laisse le reste (le plus beau mobilier) aux soins de la Providence. La maison est criblée d’éclats d’obus, mais pas un n’est tombé dessus jusqu’ici. Le balcon de Mr Noirot qui touche le nôtre est descendu dans la rue et le gros marronnier qui était en face du nôtre a été enlevé d’un seul coup par un autre obus. J’ai eu la veine de passer, il y a 15 jours, entre deux violents bombardements. On s’habitue au danger, on appréhende quand on part là-bas, et dès qu’on y est, on devient brave comme ceux qui y restent. Nous savons que de Variscourt il ne reste rien et que Menneville (Les deux tiers du département de l’Aisne sont occupés par les Allemands depuis septembre 1914.) a beaucoup souffert, les habitants y sont très malheureux, j’ai écrit à mon contremaître, mais n’ai pas encore la réponse. Marianne a reçu des nouvelles de Berlise par un prisonnier. Sa famille est en bonne santé, c’est tout ce qu’elle sait… Jean est toujours au même endroit à 12 kil. des boches. J’ai passé 3 fois dans son village et j’ai soupé à la popote avec lui et couché dans sa chambre, car il a la veine d’avoir une chambre avec un adjudant. Il a survolé Reims dernièrement en aéroplane. Nous lui avons cependant bien défendu puisqu’il n’y est pas forcé, mais ça le tente trop. Il se fera casser la figure comme le commandant de Roze… »

Deux photos prises en 1917 par Jean Loilier lors de ses incursions aériennes au-dessus de Reims.

Faisant valoir son âge, 62 ans, Charles demande auprès des autorités militaires que Pierre soit détaché de Saint-Cyr et affecté à le seconder dans sa fonction de réquisition des laines et cuirs, fonction qui nécessite des déplacements fréquents dans l’est et l’ouest de la France. L’autorisation est donnée ainsi : « Pierre Loilier, auxiliaire classe 1911, caporal à la 2 Cie d’aviation, 2 groupe à Saint-Cyr, en sursis valable jusqu’au 31 août 1916, par décision de monsieur le général Inspecteur du 1er Arrondissement n° 7455/50 du 30 mai 1916. » Le 21 juillet, Charles sollicite auprès du général Inspecteur des sursis du 1er arrondissement une prolongation du sursis de Pierre. Il précise : « Le concours de ce militaire m’est indispensable pour l’accomplissement total de la mission qui m’a été confiée par le Ministère de la Guerre. »

Le 5 août, Charles est rappelé de Bretagne à Paris auprès de son épouse Octavie très souffrante. Quelques jours plus tard, la situation d’Octavie semblant s’améliorer, Charles repart en Bretagne, mais le 10 août l’état de santé d’Octavie s’aggrave et il revient à Paris.

Le 7 octobre, il écrit sur un ton pathétique qui ne lui est pas habituel au colonel Régnier, directeur de l’aéronautique militaire au ministère de la Guerre boulevard Saint-Germain à Paris, pour appuyer la requête de son fils Jean pour devenir pilote :

« Mon Colonel,
Je suis père de deux enfants sous les drapeaux, l’un Jean Loilier, classe 1912, est sergent-major au Parc Aéronautique n° 1, secteur 52 et vient de faire une demande par la voie hiérarchique pour être agréé en qualité d’élève pilote. Je sollicite de votre bienveillance, non pas une faveur, loin de là ma pensée, mais l’honneur de voir sa demande agréée.
J’ai 62 ans, tous mes biens, acquis par 40 ans de travail, sont aux mains de l’ennemi sur la rivière Aisne. Je suis à la veille de perdre ma compagne minée par la maladie depuis un an. Je n’ai plus rien à espérer de la vie. Comme suprême consolation, je vous demande simplement d’accepter la demande de mon fils. Vous trouverez en lui un futur bon pilote, il en possède toutes les aptitudes (travailleur, conduite, sang-froid, dispositions naturelles pour la mécanique). Le sort l’a placé dans les cadres de son
parc depuis 3 ans et je ne voudrais pas le voir quitter l’aéronautique pour être versé dans une autre arme comme certains de ses camarades sont susceptibles de l’être… »

L’intervention de Charles a-t-elle abouti ? Le mérite de Jean à l’école d’aviation est-il déjà reconnu ? Une chose est sûre, la demande de Jean aboutit. Le 2 novembre 1916, sur tests de sélection, il est transféré au 1er Groupe d’Aviation (aviation militaire de Dijon, aérodrome de Longvic), détaché comme élève-pilote, il suit des cours théoriques d’aviation militaire. Le 23 novembre 1916, il est promu sergent, puis le 2 décembre suivant sergent-major. Le 7 décembre 1916, il est détaché à l’école d’aviation militaire d’Ambérieu dans l’Ain (Parc d’aéronautique n° 1, secteur postal 52), où il obtient son brevet de pilote militaire n° 5570 le 5 mars 1917.

Du 10 au 31mars 1917, il suit un stage de perfectionnement à l’école d’Avord dans le Cher (dont il n’a pas un bon souvenir comme il nous le fait savoir le 2 avril 1917 (extrait de la lettre reproduite ci-des- sous) : « Nous avons été prévenus brusquement que le perfectionnement se ferait encore à Châteauroux et nous avons été expédiés le même jour. Je ne regrette pas d’avoir quitté Avord. Partout ailleurs ce sera le paradis. Me voilà installé ici depuis trois jours. Nous sommes bien… ». Il suit un stage de spécialisation à l’école d’aviation militaire de Châteauroux du 31 mars au 16 avril 1917, pilote au GDE (Groupement des divisions d’entrainement terrain du Plessis-Robinson) du 16 avril au 4 mai 1917, puis pilote de l’escadrille R 46 / C 46 à compter du 4 mai 1917. Transfert près du front, ainsi qu’il le décrit dans sa lettre à Pierre du 9 juin reproduite ci-dessous : « Je viens de recevoir ta lettre du 5 à mon nouveau cantonnement. Nous sommes logés dans un château qui a été bien déménagé par les boches. Mais enfin les murs sont intacts, et les bois qui sont autour n’ont pas été abattus… Hier j’ai été reconnaître notre nouveau secteur et je me suis fait sonner quelques bons coups de canon à bonne hauteur malgré que j’étais à 3500 m… » Il s’agit du château de Bonneuil à Golaincourt où l’escadrille s’installe lors de son rattachement à la 3 Armée. Il effectue un stage au GDE du 3 au 17 octobre

Lettres de Jean Loilier à son frère Pierre

Malade depuis quelques mois, Octavie décède le 9 octobre 1916. Après avoir obtenu un nouveau sursis pour Pierre jusqu’au 31 octobre, Charles sollicite une nouvelle prolongation, obtenue une dernière fois jusqu’au 15 novembre. Charles écrit une longue lettre à la sœur d’Octavie, Léontine, à son mari Joseph Landez et à leur fille Henriette qui n’ont pu se déplacer, restés à Pont- de-Salars dans l’Aveyron natal de la famille Delpoux.

« Paris le 3 novembre 1916, Chers beau-frère et belle-sœur et chère Henriette, Pardonnez-nous de ne vous avoir pas encore écrit depuis le décès de notre chère Octavie, survenu d’une façon si inattendue, après une maladie, la- quelle, au dire même des grands médecins que nous avons consultés, ne présentait pas de dangers immédiats.

Depuis le mois de juin, Pierre et moi nous étions débordés de travail par la réquisition des laines que nous avons faite dans sept départements entiers. Chaque jour, nous avons changé de pays et chaque jour le surmenage s’accentuait au point que nous avions à peine le temps d’écrire ou de télégraphier à la maison pour avoir chaque jour des nouvelles de notre chère malade…

Deux jours avant sa mort, le docteur Roussel qui a soigné Léontine à la clinique Doyen, était encore venu la voir et me disait qu’il n’y avait pas de danger pour le moment, il ajoutait même que je pouvais repartir en voyage sans crainte. Heureusement je ne l’ai pas fait. Pierre et moi nous étions revenus passer 8 jours près d’elle. La veille de mourir, elle a mangé comme elle n’avait pas fait depuis longtemps, ça lui semblait bon et nous pensions tous que c’était le début de la guérison. La fièvre avait cessé 24 heures, puis elle a repris la nuit, la respiration est devenue plus difficile petit à petit, le pouls battait irrégulièrement, elle a perdu connaissance sans prononcer un mot et elle s’est éteinte dans mes bras sans souffrance vers trois heures du matin…

Quant à Jean auquel nous avons télégraphié immédiatement, il n’a pu arriver qu’après les obsèques, quel chagrin pour lui de n’avoir pu embrasser sa mère une dernière fois avant de mourir…

Après avoir rendu à notre chère Octavie tous nos devoirs Pierre et moi, nous sommes repartis terminer nos réquisitions en Charente et nous venons seulement de rentrer pour la Toussaint après bien des fatigues et de grands ennuis…

Nous ignorons si Pierre retrouvera son ancienne place. Quant à notre Jean, il a demandé à être pilote et le voilà parti dans une école de pilotage à Dijon où il ne restera pas longtemps. Il ira ensuite à Tours ou à Juvigny, puis au front ou en Roumanie. Que sait-on ? Voilà encore bien des sujets d’ennuis pour moi !!… »

Dans ses courriers, Jean parle peu de son expérience d’aviateur, ses impressions, ses combats. Seules nous restent de nombreuses photos de lui, certaines où il est aux commandes d’un avion ou d’autres illustrant la vie sur les terrains d’aviation.

Différentes photos de Jean Loilier, 1915-1918 :

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Tableau d’A. Vincent représentant un avion Voisin L.A. type III, peint en 1917, surchargé au crayon par un occupant allemand pendant la guerre suivante… Photo Hervé Paul. Dépôt au musée de l’aéronautique locale à Betheny.

Le 5 décembre 1917, Jean est promu Adjudant. Il effectue un stage du 11 au 16 février 1918 sur Caudron R 11.

L’escadrille R XI 46, rattachée au groupe de combat n° 15 (lui-même rattaché à l’escadrille de combat n° 1), dotée de dix Caudron R 11 affectés à la chasse, a pour mission de servir de guet aérien au profit de l’escadre et d’assurer l’escorte de chasse lourde au profit des bombardiers. Ces avions vont être très exposés.

Mariage Pierre Loilier et Suzanne Richard, 30 juillet 1918.

Les qualités de bon pilote de Jean sont reconnues par ses supérieurs. Le 31 juillet 1918, le général M. Duval, commandant la Division Aérienne, cite Jean Loilier à l’Ordre de la Division : «Pilote remarquable, courageux, calme, adroit. A rempli à l’Escadrille de nombreuses missions lointaines rapportant au Commandement des renseignements précieux. Toujours volontaire pour les reconnaissances périlleuses et difficiles, a eu des combats sévères dans lesquels il a fait preuve de vaillance et de sang-froid. S’est signalé au cours de la bataille actuelle par ses missions hardies des 16, 17 et 19 juillet 1918.»

Le 1er janvier 1917, Pierre est affecté au 1er groupe d’aviation, nommé sergent-fourrier le 24 mars 1917, puis sergent-major le 23 novembre 1918. Sa marraine de guerre depuis le début du conflit s’appelle Suzanne Richard, sténodactylo chez Hector Guimard à Paris XVI . Ils se rencontrent, s’écrivent, s’aiment, se fiancent le 17 mars 1918 et se marient le 30 juillet suivant. La famille est réunie pour l’événement, Jean est présent.

Ils ne se reverront plus. Deux semaines plus tard, le 15 août à 11h15, membre de l’esca- drille C 46, Jean est tué en combat aérien au-dessus de la ferme d’Attiche, commune de Cannectancourt, dans l’Oise, à bord d’un Caudron R11 tri- place avec à ses côtés un observateur américain, le lieutenant Paul Penfield, et le maréchal des Logis François Anceau, mitrailleur.

Photo du Caudron R. 11 par Jean Loilier.

La citation signée du général Pétain le 27 septembre 1918 précise « Excellent sous-officier, Pilote d’une adresse et d’un sang-froid merveilleux. Toujours volontaire pour les missions périlleuses, a fait à l’escadrille un service remarquable remplissant de nombreuses missions lointaines, livrant de fréquents combats, à le 15 août 1918 résolument engagé la lutte contre une patrouille de six monoplaces ennemis, a été abattu au cours de ce combat inégal. Une citation. »

L’exposition centenaire de la libération de Menneville organisée le 7 octobre 2018 rend hommage à ses enfants disparus. Document Gilles Schmit.

Merci à Marc Christophe pour ses recherches sur Jean Loilier et à Denis Albin pour sa documentation sur l’escadrille C 46. Les documents dont l’origine n’est pas précisée proviennent des archives familiales, certains étant en dépôt au musée de l’aéronautique locale de Bétheny. Rédigé à Reims, août-novembre 2018.

Hervé Paul

Publié dans la revue d’Amicarte 51, n° 118, décembre 2018. Revue consultable à la BMR Carnegie.
Les sommaires d’Amicarte 51 sont en ligne : http://amicarte51.blogspot.com/search/label/Reims
Conférence et diaporama 13/3/2019 : Amis du fort de la Pompelle, Jean Loilier aviateur.
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