Louis Guédet
Lundi 5 mai 1919
1697ème et 1695ème jours
9h soir Temps magnifique. Chaud dehors. Lettre de ma pauvre chère femme qui me parait un peu rassurée sur son état de santé après avoir vu les docteurs Tobin et Lévêque, mais avec son état de nervosité j’ai bien peur qu’elle ne retombe dans ses doutes. Nous verrons par la suite. En même temps je reçois une lettre du Docteur Lévêque, lui-même qui me disait qu’il n’y avait rien de grave dans son état, mais qu’elle payait les souffrances, les tortures morales de la Guerre, etc… J’en sais aussi quelque chose ! Du calme, de la distraction, pas de tourment, etc !!! Hélas ! pourra-t-on lui préserver tout cela !
Je suis tout délabré ce soir, fatigué d’hier, je ne suis plus fort !! J’ai même de la fièvre !! A la Grâce de Dieu !! Je tiens si peu à l’existence. La mort me serait une délivrance !!
Vu du monde, ce qui me fatigue beaucoup. L’abbé Andrieux, toujours couturé de rubans, fourragères, ordalies, etc… un vrai Porthos à ce point de vue, moins la taille !! Abbé Bouchez, qui renonce à revenir à Reims !! Il est bien heureux de pouvoir le faire !!
Mon Dieu que la vie m’est à charge !! Quelle délivrance si la mort survenait !! J’ai le cœur crevé et plus un gramme de courage et d’énergie. Je suis usé !!
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Lundi 5 – Visite de M. le Curé de Muizon, de Ville-en-Tardenois, Lecaille, Troyon.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Lundi 5 mai
Les Trois ont délibéré sur la question italienne.
Un conseil des ministres a eu lieu au cours duquel a été lu et examiné le traité de paix.
Conseils des ministres aussi à Rome et à Bruxelles. La Belgique continue à manifester un vif mécontentement au sujet de la condition qui lui est faite au point de vue de ses desiderata territoriaux et financiers.
Munich est tout entière aux mains de l’armée d’Hoffmann. Plusieurs chefs communistes ont été fusillés.
Bela Kuhn a capitulé. Budapest sera occupée par les forces de l’Entente.
Une vive agitation se manifeste en Espagne, où la dissolution des Cortès est critiquée par les partis de gauche.
Source : La Grande Guerre au jour le jour