Louis Guédet
Samedi 21 décembre 1918
1562ème et 1560ème jours
9h matin Temps assez beau, froid, il ne pleut pas du moins. Mal dormi ! obsédé par tous mes souvenirs de Guerre et par mes soucis de l’avenir. Jean va bien ce matin. Mais que va-t-il faire sans aucune distraction ici.
6h soir Assez beau temps, travaillé toute la journée, pas sorti. Toujours aussi profondément triste. Ce retour à Reims m’obsède et m’effraie au possible ! que de temps je vais perdre et puis comment m’organiser, je ne sais. Ces déménagements, ces installations de fortune m’exténuent ! Si encore j’étais sûr que je resterais à l’endroit où je serais installé, cela m’encouragerait un peu. Je me disais qu’une fois les mesures de l’installation les retards ne recommenceront plus, mais je ne puis espérer cela. Combien camperais-je et décamperais-je encore de fois ?!! Un peu de repos et de tranquillité d’esprit me serait si bon, si nécessaire !! Je me traîne en ce moment, je le sens, jusqu’à ce que je tombe ! Mon Dieu ! après tout tant mieux et que ce soit le plus tôt possible ! Je suis tellement écœuré de cette existence de paria, de misère.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Samedi 21 – Arrivée à Paris. Reçu visite de Mlle Geriard, nièce de M. Henri Lucas. Promotrice de la souscription lors de ma décoration.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Samedi 21 décembre
Le maréchal Joffre a été reçu à l’Académie, où il a fait l’éloge de notre armée. M. Jean Richepin lui a répondu.
Le roi d’Italie a visité les hôpitaux organisés par le gouvernement italien et la colonie italienne. Il a déjeuné au ministère des Affaires étrangères, puis s’est rendu à l’Hôtel de Ville. Il a ensuite assisté à la séance de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres dont il est membre. Enfin, il a offert un dîner à l’ambassade d’Italie. Après quoi, il a quitté Paris pour aller rendre visite aux divisions italiennes du front.
M. de Romanones est arrivé à Paris, où il vient, on le sait, pour conférer avec MM. Wilson et Clemenceau.
Le maréchal Douglas Haig a été reçu solennellement à Londres.
Le Labour Party demande que les travaux de la conférence de la paix aient lieu au grand jour.
Le gouvernement suédois demande à la Finlande que le cas de l’archipel d’Aland soit tranché par un referendum des populations intéressées.
Le congrès des conseils ouvriers et soldats d’Allemagne a donné pleins pouvoirs au gouvernement des mandataires du peuple.
Une armée polonaise a débarqué à Dantzig.
Le pape a transmis aux chancelleries de l’Entente une nouvelle requête de l’Autriche relative à l’insuffisance des vivres à Vienne.
Le ministre des Affaires étrangères de Hollande a prononcé un nouveau discours pour essayer de justifier son attitude au regard de la question du passage des troupes allemandes à travers le Limbourg.
Source : La Grande Guerre au jour le jour