Louis Guédet
Lundi 9 décembre 1918
1550ème et 1548ème jours
10h matin Temps gris brumeux et doux, vent du sud, il a plu du reste toute la nuit. Je suis bien fatigué, la tête me tourne parfois, si c’était la fin ! Quelle délivrance !
6h1/2 soir Courrier formidable, je ne l’ai pas fini ! Lettre de Robert qui parait enchanté de son voyage à travers l’Alsace et de la réception qui leur a été faite. Il n’en dit pas de même du Palatinat où il est !! Ils sont obligés de sortir leur revolver à chaque instants pour se faire respecter et obéir, voire même à passer aux exécutions sommaires !! Je suis tranquille de ce côté-là avec lui, il ne les ménagera pas !
Je suis toujours profondément triste, parfois je ne puis retenir mes larmes ! Et je ne vois pas ma situation s’éclaircir ni s’améliorer !
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Lundi 9 – Visite de Madame Lugari; des cardinaux Gasquet, Bisloti, du Procureur de Saint-Gabriel; de Mgr Vaunantville. Visite au Card. Gasparri Vico, Mariaci
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Lundi 9 décembre
Les troupes britanniques ont atteint la ligne Rheinbach-Meilverwist-Bercheim, Wevelinchoven. Leurs éléments avancés sont entrés dans Cologne.
La cavalerie belge a occupé la partie de Dusseldorf située sur la rive gauche du Rhin. Toutes les relations avec la rive droite sont interdites. La cavalerie belge se dirige sur Clèves.
Les Américains ont atteint la ligne Rupperafh-Kempenich-Mayen-Simmern-Kellenbach.
Le général français Dupont, chargé de l’organisation et du rapatriement des prisonniers français est arrivé à Berlin. Il est descendu au palais de l’ancienne ambassade de France.
Des marins et des soldats, qui se réclamaient du gouvernement de Berlin, ont fait un coup de force et incarcéré le comité exécutif des ouvriers et soldats. Ils ont offert la présidence de la République allemande à Ebert, qui a réservé sa réponse. En tout cas, les commissaires du peuple ont donné ordre de libérer les membres du Comité exécutif. Les députés du centre catholique Trimborn et Barth ont tenu à Cologne une grande réunion à l’issue de laquelle a été décidée la création d’une république du Rhin, qui formerait un État dans l’État allemand.
La classe 1891 va être démobilisée.
Les bâtiments allemands qui étaient à Cronstadt sont rentrés dans leurs ports.
2000 avions ont été livrés par l’Allemagne.
D’après un rapport, neuf prisonniers français ont été assassinés au camp de Langnsalza, en Allemagne, et neuf autres blessés grièvement. Le gouvernement français est décidé à ne pas laisser ce forfait impuni.
Le Président de la République, les ministres et un grand nombre de parlementaires sont partis pour l’Alsace-Lorraine.
Source : La Grande Guerre au jour le jour