Louis Guédet

Lundi 30 décembre 1918                                                            

1571ème et 1569ème jours

5h soir  Toujours la pluie battante froide. Insomnies terribles toute la nuit. Je suis toujours dans les flammes, les décombres, j’entends toujours des obus siffler ou éclater. Peu de lettres heureusement à répondre. Je dispose d’un peu de temps ce soir pour me reposer ! C’est rare !

Hier lettre de Robert nous disant qu’il serait probablement nommé sous-lieutenant vers le 10 janvier. Il en sera bien heureux ! le pauvre petit ! S’il pouvait arriver en congé aussitôt et qu’il puisse voir son frère et nous tous réunis !

Triste fin d’année pour moi ! Que 1918 aura été cruel pour moi !! Aussi 1919 m’effraie-t-il !! Je vais débuter par le retour lugubre à Reims ! Sans un mot de consolation, d’encouragement de qui que ce soit !!

Je vais profiter de ce moment libre pour écrire 3 ou 4 lettres officielles, Président Bouvier, Procureur de la République de Courtisigny, Bossu, Leroux, Herbaux, etc…

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

 Cardinal Luçon

Lundi 30 – Emballage. Visite à M. le Doyen, toujours malade, au lit, mais mieux. A M. le Maire ; à M. de Aiala ; Abele ; Couvreur.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Lundi 30 décembre

Les élections britanniques ont été un triomphe pour M. Lloyd George. La coalition libérale-conservatrice-travailliste, fondée sous ses auspices, a 477 sièges sur 707. Les élections sont caractérisées, en outre, par le succès des unionistes, les progrès des travaillistes et du Sinn Fein, la défaite des libéraux doctrinaires et des nationalistes irlandais. M. Asquith, M. Henderson, M. Ramsay Mac Donald ont été battus.
M. Bissolati est sorti du cabinet italien pour des motifs de politique internationale. M. Orlando s’efforce de le ramener.
La situation est des plus confuses à Berlin.
On dit, d’autre part, qu’Ebert et Scheidemann refusent de quitter le pouvoir, et, de l’autre, qu’un gouvernement Ledebour-Liebknecht-Eichhorn s’est constitué. Les majoritaires ont organisé une grande manifestation et le Worwärts réclame plus que jamais la répression. Des troubles graves ont éclaté dans la région houillère de Hamboorn.
M. Wilson, après avoir prononcé un grand discours sur la Société des nations, au Guildhall, a quitté Londres pour Carlisle.
Un bataillon français a débarqué à Cattaro.
On annonce que les maximalistes russes ont fait une démarche en vue de négociations auprès des Alliés.
Un courant se manifeste à Vienne pour adjoindre l’Autriche allemande à une Fédération danubienne.
Les socialistes allemands adhèrent à la conférence internationale de Lausanne.
Le commandement français aurait renoncé à l’occupation de Mannheim.
La fille de Trotski a été arrêtée à Varsovie.

Source : La Grande Guerre au jour le jour