Louis Guédet
Mardi 19 novembre 1918
1530ème et 1528ème jours
8h matin Temps gris, sombre, on ne sait si ce sera de la pluie ou de la neige. Rien de saillant dans la soirée d’hier, toujours triste et monotone, ayant peu de lumière, alors on reste là près d’un maigre feu avec ses tristes pensées ! et ses soucis de l’avenir ! qui vous poursuivent sans cesse ! Si encore on pouvait dormir pour oublier un peu et échapper à ces obsessions ! Mais pour mon compte ce ne serait pas encore le repos et l’oubli, car aussitôt que je m’endors je me débats au milieu de cauchemars de feu, de flammes et de sang ! Ma vie n’aura donc été qu’un long martyre !
2h Lettre de Robert qui fait partie maintenant de l’Armée Mangin.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Mardi 19 – Rentrés à Ay
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Mardi 19 novembre
L’armée française a repris sa marche en avant pour occuper les régions envahies par l’ennemi. Franchissant la frontière sur l’ensemble du front, nos troupes ont pénétré en Belgique et dans les provinces annexées. Il n’y a plus un seul ennemi sur le territoire national. Les populations délivrées ont partout accueilli leurs libérateurs avec enthousiasme.
Nous avons dépassé, à gauche, Marienbourg, Couvin, Fumay, franchi la Semoy et atteint Carignan, après avoir occupé Bouillon et Sedan. En Lorraine, nos avant-gardes sont à Gravelotte, dans les forts sud de Metz, ainsi qu’à Morhange et à Dieuze.
En Alsace, nous avons atteint le Donon, Chirmeck et Villé. Nous progressons entre Sainte-Marie-aux-Mines et Schlestadt. Plus au sud, nous sommes aux portes de Colmar et d’Ensisheim. En deçà des points atteints, Richecourt, Cirey, Château-Salins, Munster, Cernay, Altkirch sont redevenus français.
Le général Hirschauer, commandant la 2e armée, a fait, en tête de ses troupes, une entrée solennelle à Mulhouse. Nos troupes ont reçu un accueil émouvant.
La 3e armée américaine, sous le commandement du major général Dickman, a commencé la progression en territoire évacué par l’ennemi. Les éléments avancés ont atteint la ligne Ecouviez-Sorbey-Gouraincourt-Mars-la-Tour.
La seconde armée anglaise, commandée par le général Plumer, et la quatrième, sous le général Rawlinson, ont atteint la ligne Cerfontaine-Pry-Biesmes-Piéton-la Louvière-Soignies Enghien-sud de Ninove.
M. Lansing, secrétaire d’État américain aux Affaires étrangères, partira prochainement pour l’Europe. Il se rendra directement en France. M. Wilson passera par l’Angleterre avant de venir en France.
Il est décidé qu’une division française occupera Budapest. Une armée roumaine serait également en marche vers cette ville.
La Hongrie a définitivement proclamé la république. Un conflit, à propos de la mobilisation des Slovaques, a éclaté entre la Hongrie et l’État Tchécoslovaque.
Max de Bade, s’expliquant sur sa demande d’armistice, a dit qu’elle lui avait été suggérée et même dictée par les autorités militaires. Les troupes allemandes ont été retirées de Finlande.
Source : La Grande Guerre au jour le jour