Louis Guédet
Samedi 5 octobre 1918
1485ème et 1483ème jours de bataille et de bombardement
9h matin Temps magnifique, belle journée. Madeleine a la grippe avec une forte fièvre. Gare que nous y passions tous ! Je serais sans doute obligé d’aller à Châlons lundi pour le passeport de Marie-Louise pour qu’elle puisse revenir de Granville.
2h1/2 soir Peu de courrier. Bonnes nouvelles de Robert. Je pense aller à Châlons lundi. J’y ai besoin pour un tas de choses et pour le laissez-passer de Marie-Louise.
6h soir Été à Vitry-la-Ville pour mon courrier. Au communiqué la prise de St Souplet, Dontrien, Vaudesincourt, St Etienne-à-Arnes. Mais nous nous sommes retirés de Challerange qui serait « no man’s land ». De là été à Songy porter des chaussures à réparer. Rien d’autre, je suis fatigué, et toujours fort triste et découragé.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Samedi 5 – Repos à Angers. Reçu quelques visites. Reims delivré, le 5 octobre(1). A 5 h. du matin, après une rafale d’une heure de bombardement, les Allemands abandonnent Brimont et les forts de Reims, d’où ils nous avaient fait tant de mal et avaient réduit notre ville à l’état de Pompéi.
(1) Les Allemands ont dû abandonner leurs positions au Nord-Est de Reims sous la double pression des IVe (Gouraud) à l’Est de Reims et Ve Armée (Guillaumat) à l’Ouest de Reims faisant converger leur poussée vers l’Aisne de Rethel. Reims ne recevra plus un seul projectile mais au cours de leur contre-offensive, qui constitue la seconde bataille de la Marne, les pays du Tardenois, de la Montagne de Reims et du massif de St-Thierry, jusque-là épargnée partiellement, ont été totalement détruits comme l’indique encore le style uniforme de leurs maisons reconstruites à partir de 1920.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Samedi 5 octobre
Des combats violents sont engagés dans la région de Saint-Quentin, entre Lesdins et Seguehart, où l’ennemi oppose une très forte résistance.
Plus au sud, nous avons pris pied sur la voie ferrée à l’est de Saint-Quentin et progressé en combattant à l’est du faubourg d’Isle. Nous avons fait 100 prisonniers.
Au nord-ouest de Reims, nous avons enlevé Cormicy; nous bordons le canal entre Consenvreux et la Neuvillette. En Champagne, violente bataille. Nous avons élargi nos gains dans la région au nord de Somme-Py. Nos troupes se sont emparées de la crête du Blanc-Mont et de la ferme Medeah, à cinq kilomètres au nord-ouest de Somme-Py. 2800 prisonniers ont été dénombrés.
Les Anglais ont attaqué de Sequehart au canal, au nord de Bony, sur un front de treize kilomètres.
Ils ont pris Remicourt et Wrancourt, faisant plusieurs centaines de prisonniers, atteint les lisières de Montbrehain et les hauteurs au sud de Beaurevoir.
Ils ont forcés le passage du canal de l’Escaut à Gouy et au Catelet, s’emparant de ces deux villages et des hauteurs à l’est, en faisant un grand nombre de prisonniers. Nos alliés ont occupé Armentières. L’ennemi a été chassé de Lens.
Le prince Max de Bade devient chancelier allemand.
Source : La Grande Guerre au jour le jour