Louis Guédet

Jeudi 17 octobre 1918

1497ème et 1495ème jours

9h1/2 matin  De la brume, du brouillard qui tombe. Il fera beau je crois. Rien de saillant. Je suis fort las ! et je m’effraie de plus en plus de cette triste vie que je vais mener à Reims, et pour arriver à quoi ? à rien ! (Rayé). Et je n’ai jamais eu de chance ! Tout ce que j’entreprends est voué au désastre et à la ruine.

6h soir  Temps triste, du courrier en masse et du travail. Je viens seulement de finir. Retardé par l’Instituteur, M. Thévenot, qui venait me montrer la réponse faite par la Préfecture à ma demande de pâtes et de riz que je l’avais prié de faire. Il l’avait faite en mon nom et signé du Maire ! Mais il faut que la demande soit faite par le Maire en mon nom !… La fôôôrme !! Et comprenez si vous voulez en rire ! Vous pouvez ! Causé longtemps avec lui, et cela m’a fait perdre quelque peu du temps. La réponse de Wilson à la demande d’armistice est négative…  heureusement. Les allemands reculent toujours ! Auront-ils une débâcle comme nous en 1870 ! Ce serait à souhaiter, ils ne se sentiront vaincus, battus, que comme cela et avec cela ! J’organise mon voyage à Paris, y arriverais-je et pourrais-je y faire tout ce que j’y ai à faire ?

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

 Cardinal Luçon

Jeudi 17 – Revu M. Igier ; puis reçu visite de l’aumônier de la 68′ Divi­sion m’invitant à un Service des soldats de la Division

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

 Jeudi 17 octobre

Au nord de l’Oise, nous avons réalisé une avance dans la région d’Arsonville. Nous bordons la rive sud de la Serre, jusqu’à Pouilly-sur-Serre, qui est entre nos mains. Nous avons également progressé au nord-est de Marchais, faisant 400 prisonniers.
Plus à l’est, nous nous sommes emparés de la Selve et de Nizy-le-Comte. A l’ouest de Grandpré, nous tenons la route de Vouziers à Grandpré. Nous avons fait là 400 nouveaux prisonniers.
Les Anglais ont traversé le canal de la Haute-Deule, des deux côtés de Pont-à-Vendres, pris Estevelles, Meurchin et Bauvin. Plus au nord, ils ont progressé dans le voisinage de Haubourdin.
Les forces franco-belges ont continué leur avance en Flandre.
Les Belges ont progressé jusqu’aux abords du bois de Wyssendaele et de Thourout. Les Français ont gagné les abords de Lichtervelde et progressé au delà de la ligne Roulers-Lichtervelde.
Les Anglais ont atteint la route Courtrai-Ingelmunster et sont arrivés aux approches de Courtrai, enlevant Menin, Wervicq et prenant pied sur la rive droite de la Lys.
Les deux dernières journées, sur ce front ont donné 12000 prisonniers et 100 canons.
Les Américains ont gagné du terrain à l’est et à l’ouest de la Meuse.

Source : La Grande Guerre au jour le jour