Louis Guédet
Mercredi 4 septembre 1918
1454ème et 1452ème jours de bataille et de bombardement
6h soir Je pars à 5h1/2 avec Robert et Marie-Louise pour le train de 6h11. Je les quitte à Épernay, les 2 pauvres petits. Enfin il faut que je souffre continuellement. Je les laisse donc seuls continuer leurs routes sur Paris. A Épernay que je visite sans ressentiment je vois Landréat mon greffier que je mets au courant de mon affaire avec l’Intendance, et il est entendu que nous allons les nouer à boulets rouges et les embêter, leur faire sentir que c’est moi qui donne les ordres et non eux.
Je mets tout cela au point avec lui. Je fais enregistrer mon acte. Je visite la Ville. L’Église Cathédrale St Pierre St Paul est fortement démolie. Tout le portail et la toiture de la nef n’existent plus, seul le clocher central et le chœur paraissent intacts. La rue du Commerce fort touchée (avenue de Champagne actuellement), les grandes Maisons de vins de Champagne ont été bien visées. La rue du Paulmier n’existe plus. Il parait que le quartier St Laurent est aussi fort abîmé. Le Tribunal n’a pas grand-chose, ses carreaux cassés et sa toiture éclaboussée. Bref si Reims n’en n’avait pas plus ce serait parfait. Il n’en n’est rien, hélas ! Je repars à 11h20. Arrêté à Châlons où je fais des courses. Visité St Jean que je n’avais pas vu depuis 30 ans. Cette église a été réparée avec grand goût. C’est la plus vieille église de Châlons, Xe/XIe siècle. Je rentre à St Martin à 5h, éreinté.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Mercredi 4 – Indispose, pas dit messe. Visite de Madame Cahen d’Anvers, Directrice de la Goutte de Café à Ambonnay. Visite du Colonel du 100(1) et du Commandant, avec l’aumônier. Visite de M. Abelé.
(1) Le 100e RI est le régiment de Tulle.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Mercredi 4 septembre
Actions d’artillerie entre le front de la Somme et entre Oise et Aisne.
Des coups de main ennemis dans la région de la Vesle et dans les Vosges n’ont obtenu aucun résultat.
Les opérations entreprises par les Anglais au sud de la Scarpe, ont eu un plein succès.
L’ennemi, battu sur ses défenses du système Drocourt-Quéant, a dû se replier sur presque tout le front. Il a subi de lourdes pertes et laissé 10000 prisonniers.
Les troupes de nos alliés, poursuivant leur avance sont entrées dans Pronville, Doignies et Bertincourt.
Les Canadiens ont montré un grand courage, en attaquant la ligue Drocourt-Quéant, ligne perfectionnée pendant dix-huit mois et qui constituait un obstacle formidable. Les Allemands avaient groupé là onze divisions sur huit kilomètres.
A la droite du corps australien, les Anglais et les Ecossais ont attaqué de difficiles tranchées. Ils ont enlevé de haute lutte des défenses particulièrement puissantes et après avoir encerclé Quéant, se sont emparés de cet important pivot. Le corps des tanks a brillamment contribué au succès de ces opérations.
Les escadrilles britanniques ont attaqué l’aérodrome de Buhl et obtenu de bons résultats. Un appareil ennemi a été détruit
Source : La Grande Guerre au jour le jour