Louis Guédet
Lundi 8 juillet 1918
5h1/2 Il faisait très chaud à bicyclette. Nos foins sont enfin rentrés. Bon débarras. La récolte est réellement belle : 32 voitures à 150 bottes chaque, cela fait 4 800 bottes, 5 000 en chiffre rond à 120 F cela ferait tout de même 6 000 F… C’est un beau revenu.
Je suis demandé par le Parquet de Châlons pour procéder à l’ouverture du testament d’un soldat originaire de Bourgogne à déposer provisoirement pour minutes à un notaire de Châlons-sur-Marne en attendant qu’il soit remis au notaire du défunt du Canton de Bourgogne, Cailteaux (Maurice Cailteaux, notaire à Witry-les-Reims puis Bazancourt (1880-1959)), Loeillot (Henri Loeillot (1888-1959)) ou Schivre (notaire à Cormicy), conformément à la circulaire du Garde des Sceaux du 29 octobre 1917. Néanmoins je ne comprends pas pourquoi le Procureur de Reims qui a décidé cela n’a pas plutôt fait déposer le testament chez moi afin de le remettre ensuite au vrai titulaire. Comme cela ce testament ne serait pas sorti de notre arrondissement. Je lui en causerai à notre prochaine entrevue… mais voudra-t-il comprendre ? Il est tellement formaliste. Enfin, on verra…
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Lundi 8 – Alerte. A 5 ou 6 h. soir, Madame de Coucy vient me dire de la part du Général Albricci, qu’on croit à une violente offensive contre la 5e Armée sur le front de Reims, à Château-Thierry. Nous tenir prêts à partir. Une voiture et un camion viendront nous prendre. Le Général se charge de l’évacuation de la population. Visite du Général Conson (sic), confirmant. Préparatifs, valises, papiers brûlés jusqu’à minuit. Nuit agitée au loin. Ici, rien. M. Pechenard va à Chaumouzy enlever ses papiers, ne trouve rien. Le tabernacle et la sacristie ont été dévastés
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Lundi 8 Juillet.
Activité moyenne des deux artilleries, plus vive au sud de l’Aisne, notamment dans les régions de Cutry et de Montgobert.
A l’ouest de Bussiares, nous avons exécuté un coup de main et ramené des prisonniers.
Le nombre total des prisonniers faits par les Anglais dans la région d’Hamel dépasse 1500, dont 40 officiers. Nos alliés ont encore fait une opération heureuse sur un front de trois kilomètres au nord-est de Villers-Bretonneux. Ils continuent ainsi à rectifier leur ligne sur la Somme et à enlever aux Allemands certains points dont la possession pouvait faciliter de leur part une offensive nouvelle.
Les aviateurs britanniques ont coopéré à ces entreprises, en mitraillant les positions ennemies et en lançant des bombes sur les troupes allemandes. Ils ont détruit 11 appareils allemands, tandis que 10 autres étaient forcés d’atterrir, désemparés. Ils ont lancé 30 tonnes de bombes.
Les Italiens ont repoussé plusieurs violentes contre-attaques des Autrichiens sur la basse Piave. Ils ont élargi leur occupation au sud-est de Chiesa Nuova et au nord de Cava-Zuccherina, capturant en tout 820 prisonniers nouveaux, des canons lourds et un grand nombre de mitrailleuses.
Au nord-est du Grappa, ils ont pénétré dans les positions adverses à la tête du Val Calcine. Une trentaine de prisonniers, dont 50 officiers et 6 mitrailleuses sont restés entre leurs mains. Ils ont repoussé deux offensives au plateau d’Asiago, abattu 10 avions et 2 ballons captifs.
Source : La Grande Guerre au jour le jour